Paul Vidal de La Blache
Géographe français (Pézenas 1845-Tamaris, Var, 1918).
Fondateur de l'école française de géographie, Paul Vidal de la Blache parvient à faire émerger une conception et une pratique nouvelles de la géographie dans l'enseignement primaire, secondaire et supérieur.
Une géographie nouvelle
À sa sortie de l'École normale supérieure, Vidal de la Blache découvre la géographie en préparant à l'École française d'Athènes une thèse sur Hérode Atticus, en 1872. Maître de conférences à Nancy en 1873, il n'enseigne que la géographie (et non l'histoire). Il obtient un poste à l'École normale supérieure en 1877, avant d'occuper la chaire de géographie de la Sorbonne (1898-1908).
Son œuvre est dominée par le souci de développer en France une géographie moderne et scientifique : il s'inspire des exemples allemands (Alexander von Humboldt, Ritter et Ratzel, qu'il critique pourtant), des historiens (Michelet, Longnon) et des géologues (Élie de Beaumont, Dufrénoy, Albert de Lapparent) pour bâtir une discipline qui analyse les relations des hommes et de leur milieu, la manière dont elles s'expriment dans les genres de vie et l'organisation régionale qui en résulte. Il s'appuie sur l'enseignement secondaire (en 1885 commence la publication des cartes murales scolaires Vidal-Lablache).
L'auteur du Tableau de la géographie de la France
Vidal de la Blache met en place les instruments nécessaires à la nouvelle discipline : les Annales de géographie paraissent à partir de 1892. La publication de l'Atlas général Vidal-Lablache (1894) le fait accéder à la notoriété : on y trouve sur une même page des cartes commentées à différentes échelles et sur différents thèmes. Vidal peut développer la part la plus originale de son œuvre. Le Tableau de la géographie de la France (1903) connaît un très grand succès. Parfois considéré comme son œuvre emblématique, il s'agit en fait d'une introduction à l'Histoire de France de Lavisse ; Vidal y fait la part belle aux influences naturelles et aux pesanteurs historiques. Vers 1908, il a l'ambition de réaliser avec ses élèves une grande Géographie universelle ; il cesse d'ailleurs son enseignement à la Sorbonne en 1909. La Grande Guerre suspend cette réalisation, reprise après sa mort, sous la direction de Lucien Gallois. Dans son dernier livre, la France de l'Est (1917), il justifie l'appartenance de l'Alsace et de toute la Lorraine à la France et il montre le rôle de l'industrie et des villes dans l'articulation moderne de l'espace. Il meurt avant d'avoir achevé les Principes de géographie humaine , édités en 1922 par Emmanuel de Martonne, avant aussi la réalisation de la Géographie universelle dont il fut l'initiateur.
Le fondateur de l'école française de géographie
Paul Vidal de la Blache a eu de nombreux disciples : les premiers, tel Lucien Gallois, entrent dans l'enseignement supérieur dans les années 1880. Les seconds, plus nombreux et plus connus, sont des normaliens nés à partir de 1865-1870 qui rédigent une thèse de géographie, notamment Jean Brunhes, Emmanuel de Martonne, Albert Demangeon, Raoul Blanchard. Enseignant à l'Université à partir des années 1900, ils défendent ses conceptions et ses méthodes (notamment l'utilisation des cartes et le travail sur le terrain) et diffusent la géographie nouvelle.
Paul Vidal de la Blache a gardé l'image du « père fondateur » dans la géographie française jusqu'aux années 1960. Sa figure a été ensuite vigoureusement combattue par certains géographes, tels Roger Brunet ou Yves Lacoste, qui préfèrent se référer à Élisée Reclus.