Nikolaas Tinbergen
Éthologiste britannique d'origine néerlandaise (La Haye 1907-Oxford 1988).
Fils d'un maître d'école, il aime, enfant, regarder vivre les animaux dans la nature, que ce soient les oiseaux, les insectes ou les poissons. À l'école, il n'est qu'un élève moyen, préférant le sport et la vie en plein air à l'étude. Un séjour de trois mois dans un centre d'observation des oiseaux en 1925 décide de sa vocation de naturaliste. Il s'inscrit comme étudiant en biologie à l'université de Leyde.
En 1932, après avoir soutenu sa thèse de doctorat, qui porte sur l'instinct d'orientation de la guêpe fouisseuse, Philanthus triangulum, il se joint, avec sa jeune femme, à une petite expédition hollandaise qui va faire des observations météorologiques sur la côte orientale du Groenland. Là, il étudie la vie des Esquimaux – dont il apprend même la langue – et le comportement des chiens de traîneaux, comportement dans lequel il découvre des similitudes avec celui des loups, leurs ancêtres. Mais ses observations d'animaux portent surtout sur les oiseaux, tels le bruant des neiges et le phalarope. Petit échassier vivant dans les régions arctiques et subarctiques, le phalarope appartient à l'une des rares espèces d'oiseaux chez lesquelles les femelles ont, au moment de la reproduction, un plumage plus coloré que celui des mâles ; elles pondent des œufs, mais ne les couvent pas et n'accomplissent aucune des corvées traditionnellement réservées aux mères ; ce sont les mâles qui s'en chargent.
De retour à l'université de Leyde, N. Tinbergen y devient enseignant et poursuit ses recherches sur le comportement animal. Les guêpes fouisseuses resteront pendant longtemps son sujet de prédilection. Chaque été, armé d'une vieille chaise, d'une paire de jumelles, de calepins et d'une petite provision d'eau et de nourriture, il passe des journées entières à les observer. Pour les reconnaître, il les marque individuellement sur le dos à l'aide d'une peinture d'émail siccative. C'est ainsi qu'il met en lumière quantité de faits concernant leur vie quotidienne, notamment leur aptitude à retrouver leur nid, la façon dont elles reconnaissent leurs proies – uniquement des abeilles – et dont elles les chassent en plein vol.
Parallèlement, il continue à étudier le comportement des oiseaux. Il fait la connaissance de Konrad Lorenz, auquel il rendra visite à Altenberg, près de Vienne, en 1937. Il collabore un temps avec le naturaliste autrichien et il est amené à élargir le concept d'« acte spécifique » développé par celui-ci en découvrant les activités dites « de substitution », appelées aussi « activités de déplacement ». Il élabore par ailleurs une théorie hiérarchique des instincts, qui sera controversée par la suite, mais qui contribue à faire progresser l'éthologie.
Emprisonné par les nazis durant la guerre, il donne après le conflit une série de conférences aux États-Unis. En 1949, il accepte la proposition qui lui est faite d'aller enseigner le comportement animal à l'université d'Oxford. Il s'établit en Angleterre et y publie plusieurs ouvrages, dont l'Étude de l'instinct (1951) et la Vie sociale des animaux (1953). Il partage en 1973 le prix Nobel de physiologie ou médecine avec Konrad Lorenz et Karl von Frisch. Cette distinction donne à l'éthologie ses lettres de noblesse.