Eugène Simon
Arachnologiste français (Paris 1848-Paris 1924).
C'est en copiant le soir, sous la lampe familiale, des planches du Règne animal de Cuvier que le petit Eugène Simon, fils d'un médecin féru de sciences naturelles, acquiert ses premières notions de zoologie. La chasse aux insectes à laquelle il se livre durant les mois de vacances et les envois qu'il fait ensuite à la Société entomologique de France lui valent d'être admis, dès l'âge de 14 ans, au sein de cette société dont il sera plus tard le président. Il reçoit de ses maîtres le conseil d'étudier de préférence les arachnides, qui constituent encore à l'époque l'une des classes les plus mal connues du règne animal.
Les araignées vont, dès lors, devenir le principal objet de ses recherches ; il leur consacrera une grande partie de son temps et de sa fortune. Lui qui n'a guère l'esprit aventureux, il se met à voyager. Il se rend d'abord dans différents pays d'Europe et d'Afrique du Nord, puis se risque dans des contrées éloignées. Au Venezuela, qu'il visite en 1887-1888, les récoltes qu'il fait sont si importantes que trente ans plus tard il n'en aura pas achevé le classement. Il explore aussi les bords de la mer Rouge, les îles Philippines, le Sri Lanka, une partie de l'Afrique du Sud. Il constitue peu à peu une énorme collection d'arachnides, enrichie encore par voie d'échanges, et dont il fera don avant sa mort au Muséum national d'histoire naturelle, qui recueillera aussi sa bibliothèque renfermant toutes les publications parues sur les araignées dans les langues les plus diverses.
Eugène Simon dira plus tard de son Histoire naturelle des araignées, parue en 1864 (alors qu'il n'a que 16 ans !), qu'il s'agissait d'un « essai de jeunesse prématuré ». Cette œuvre de compilation a pourtant le mérite de faire le point des connaissances sur des animaux qui, jusque-là, n'ont guère suscité la curiosité des naturalistes français. Ses travaux ultérieurs amèneront Simon à renouveler et à établir la classification des arachnides (classe rassemblant environ 50 000 espèces et dans laquelle figurent notamment les araignées, les scorpions et les acariens). En 1874, il publie le début des Arachnides de France, dont six volumes verront le jour entre 1874 et 1914. La deuxième édition de l'Histoire naturelle des araignées, parue de 1892 à 1903, est saluée en France et à l'étranger comme une œuvre magistrale. Désormais, instituts, musées et naturalistes de tous les pays recourront à l'autorité et à la compétence de l'auteur, et lui soumettront leurs spécimens. Eugène Simon avait, a-t-on dit, une « mémoire quasi individuelle des milliers et des milliers d'araignées qui étaient passées par ses mains ». Il les aimait toutes et ne jetait jamais aucun spécimen, d'où l'incomparable richesse de sa collection qui, à sa mort, comptait environ 26 000 tubes. Il avait aussi constitué la plus importante collection française d'oiseaux-mouches, ou colibris.