Michel Polnareff

Auteur-compositeur et chanteur français (Nérac, Lot-et-Garonne, 1944).

Fils d’un musicien qui a écrit pour Édith Piaf, le beatnik devenu rocker est aussi le chanteur qui clôt l’époque yé-yé en France. Premier prix de solfège du Conservatoire de Paris et prix d’excellence à un concours de piano, alors qu’il est dans sa douzième année, puis guitariste autodidacte, Michel Polnareff fait très tôt le voyage d’Angleterre – comme d’autres font celui de Rome pour se former. Doué d’une voix aiguë dont il use avec prouesse, il va bientôt ajouter son nom à ceux des idoles de ces mythiques années 1960 aux rêves de liberté encore inassouvis. Il le doit avant tout à trois chansons qui sortent au cours de la même année 1966 : la Poupée qui fait non – prototype de la pop à la française –, Love Me, Please Love Me – une longue ballade où éclate sa maestria de pianiste – et l’Amour avec toi – titre provocateur pré-soixante-huitard. Âme caline (1967), le Bal des Laze (1968), Tous les bateaux, tous les oiseaux (1969), Dans la maison vide (1969), consacrant son talent de mélodiste aux trouvailles avant-gardistes, seront à leur tour sur toutes les lèvres. Ses amples cheveux frisés tombant sur les épaules et ses larges lunettes fumées font désormais partie de son look. Il réplique à ceux qui le raillent en affirmant Je suis un homme (1970).

Musicien accompli, qui préfère enregistrer ses albums studio en Angleterre, Michel Polnareff est aussi un arrangeur minutieux, qui supervise lui-même chaque étape de l’élaboration de ses disques – l’album Polnareff’s (1971), dont les onze morceaux vont de la pop au jazz, étant considéré comme son œuvre la plus aboutie. L’année de On ira tous au paradis (1972), autre immense succès, il prépare sa Polnarévolution à l’Olympia, qui traduira son esprit visionnaire sur scène. Les affiches qui l’annoncent resteront fameuses : en y dévoilant son postérieur, il produit le scandale escompté.

C’est alors que l’artiste, dépouillé par son homme de confiance et malmené par le fisc, s’embarque sur le France en 1973 et s’établit à Los Angeles. Mais, ne voulant pas rompre avec son public d’origine, il lui dédie sa vibrante Lettre à France (1977), due à la plume de l’éternel « complice », Jean-Loup Dabadie. En 1985, Michel Polnareff publie un album enregistré dans son studio de Los Angeles, Incognito (1985), qui est celui de la modernité électronique. Puis, menacé de cécité totale, il se cloître dans un grand hôtel parisien où, dans des conditions héroïques, il enregistre l’album Kama-Sutra (1990), comportant l’emblématique Goodbye Marylou. Lors du concert à Los Angeles enregistré sous le titre Live At Roxy (1996), comme lors de ses récitals en France en 2007, il donne une nouvelle jeunesse à ses titres les plus célèbres. À son œuvre de compositeur appartiennent aussi plusieurs musiques de film.