Louis Jean-Marie d'Aubenton, dit Daubenton

Naturaliste français (Montbard 1716-Paris 1800).

C'est à Buffon, originaire comme lui de Montbard, que Daubenton doit l'envol de sa carrière. Fils d'un notaire, destiné par sa famille à la prêtrise, il est envoyé à l'âge de 12 ans à Paris pour y étudier la théologie. Mais il préfère la médecine et, à la mort de son père, s'engage dans cette voie. Reçu docteur en 1741, il retourne à Montbard pour devenir médecin de campagne. Buffon, qui connaît sa valeur, l'appelle à Paris. Il lui procure la charge de garde et démonstrateur du cabinet du Jardin du roi, dont il est l'intendant. Ce cabinet de curiosités n'abrite alors qu'une collection de coquillages ayant servi de jouets à Louis XIV enfant ; Daubenton va en faire un véritable musée d'histoire naturelle. Pendant près de cinquante ans, il sera un conservateur modèle, classant lui-même la plupart des pièces qui lui parviennent et étudiant constamment de nouveaux procédés de conservation.

Daubenton se voit aussi confier par Buffon la partie anatomique et descriptive de l'Histoire naturelle. Il est aussi amené à disséquer 182 espèces de quadrupèdes, dont 58 n'avaient jamais été étudiées et dont 3 n'avaient même jamais été décrites. Homme circonspect et méticuleux, il ne s'appuie que sur des faits. Ses descriptions, d'une rigueur un peu sèche, ont une indéniable valeur scientifique car il est l'un des grands anatomistes de son époque. Il s'efforce de relier l'organe à sa fonction, d'établir des comparaisons, montrant par exemple l'analogie entre la patte du cheval et la jambe de l'homme.

La collaboration de Buffon et de Daubenton dure de 1749 à 1765. Buffon, qui, au nom de l'agrément du style, prend parfois quelque distance avec la vérité scientifique, trouve les longues descriptions anatomiques de Daubenton un peu fastidieuses, et renonce, pour la suite de l'ouvrage, à sa collaboration.

Tout en continuant à s'occuper du cabinet du roi, Daubenton s'oriente, à partir de 1766, vers la zootechnie : sous l'impulsion de l'intendant des Finances Charles-Daniel Trudaine, il est alors chargé d'améliorer la laine des moutons français. Après s'être rendu en Espagne pour étudier l'élevage de la race mérinos, il introduit celle-ci en France avec deux troupeaux, l'un à Montbard, l'autre à Alfort, près de Paris. Ses recherches approfondies sur l'hygiène et l'alimentation des animaux ainsi que les améliorations qu'il apporte aux croisements sont couronnées de succès. Au tissage, la laine de ses moutons supporte la comparaison avec celle des mérinos espagnols. Il publie, en 1777, un mémoire sur l'Amélioration des bêtes à laine et, en 1782, une Instruction pour les bergers et les propriétaires de troupeaux.

Membre de l'Académie des sciences depuis 1760, Daubenton obtient en 1778 la chaire d'histoire naturelle nouvellement créée au Collège de France. En 1783, il est nommé professeur d'économie rurale à l'École vétérinaire d'Alfort. Au début de la Révolution, son attitude à la fois coopérative et modérée lui vaut d'être élu président du conseil d'administration du Jardin du roi (1790). Pendant la période agitée qui suit, il veille jalousement sur ses chères collections. En juin 1793, l'ancien jardin du Roi, rebaptisé Muséum national d'histoire naturelle, est entièrement réorganisé. « Le Berger Daubenton » en devient le président. Après la Terreur, il cède la direction de l'établissement à Jussieu et se consacre dès lors à la minéralogie, qu'il enseigne même au Collège de France. Sous le Consulat, il entre au Sénat, mais il est frappé d'une attaque d'apoplexie lors de la première réunion de cette assemblée. Il meurt dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 1800.

L'instruction pour les bergers

L'instruction pour les bergers



Appelé aussi le Catéchisme des bergers, à cause de sa présentation sous forme de questions et de réponses, l'ouvrage le plus populaire de Daubenton est tout de suite traduit en plusieurs langues. Fruit de quatorze années de recherches et d'expériences sur le terrain, il se veut précis, concret ; il avance des principes de bon sens dont la plupart sont encore valables. Ainsi, on y vante les mérites du parcage en plein air qui est devenu aujourd'hui un mode d'élevage privilégié.