Charles Alexandre Lesueur

Naturaliste et dessinateur français (Le Havre 1778-Sainte-Adresse, Seine-Maritime, 1846).

Né dans une famille de la bourgeoisie havraise, il fait quelques études au collège de sa ville natale, puis, de 1797 à 1799, est sous-officier dans la garde nationale de la ville. Il se fait engager en surnombre dans l'expédition géographique et scientifique placée sous le commandement de Nicolas Baudin, qui part du Havre le 18 octobre 1800. Baudin est chargé par Bonaparte d'explorer les côtes des « Terres Australes », c'est-à-dire du continent australien, encore presque inconnu à l'époque. « Je pars pour mon bonheur chercher sous un autre ciel plus de tranquillité et trouver les moyens de travailler si l'occasion s'en présente et que mon étoile soit assez heureuse. »

À bord du Géographe, Lesueur se lie avec le jeune zoologiste François Péron et s'initie aux sciences de la nature. Après l'escale de l'île de France (île Maurice), il est promu dessinateur, car Baudin connaît son habile coup de crayon.

Dans la suite du voyage, le scorbut, la dysenterie et les fièvres seront fatals à la plupart des scientifiques de l'expédition. Des naturalistes, il ne reste que Péron qui, avec Lesueur, récolte, observe et prépare les animaux terrestres et marins avec une ardeur que les conditions matérielles pénibles, la fatigue, les discordes avec Baudin ne ralentissent jamais. Les deux hommes rapporteront plus de cent mille spécimens. Lesueur a en outre dans ses cartons de très nombreux dessins exécutés à partir d'animaux vivants, qui font l'admiration de Cuvier, de Jussieu, et de l'Académie des sciences.

L'expédition est de retour en mars 1804. Lesueur travaille avec Péron à Paris à la rédaction de mémoires sur leurs multiples découvertes zoologiques. Tous deux rencontrent des difficultés financières pour la publication de leur relation de voyage, dont le premier tome paraît cependant en 1807. Ils séjournent ensuite sur la côte méditerranéenne puis au Havre, car Péron tente de soigner une tuberculose contractée durant le voyage. Ils y étudient notamment les invertébrés marins. La mort de Péron, en 1810, affecte beaucoup Lesueur. Il poursuit la rédaction de mémoires zoologiques, s'initie à la gravure pour publier ses dessins et commence l'étude géologique et paléontologique des falaises du Havre.

En 1815, la chute de l'Empire le prive de ressources ; il accepte d'accompagner dans un voyage scientifique le géologue William Maclure, membre de la Société des « philanthropes » de Philadelphie. Après un détour par Londres, il séjourne quelques mois aux Antilles, arrive à New York en mai 1816 et en repart bientôt pour une tournée vers les Grands Lacs et le nord-est des États-Unis, élargissant sa collection de fossiles, de poissons, de mollusques et de tortues. À l'expiration de son contrat de deux ans avec MacLure, Lesueur reste dans le Nouveau Monde. Il publie de nombreux articles et planches, qu'il grave lui-même, dans le Journal de l'Académie des sciences de Philadelphie dont il est membre.

En 1825, il va s'installer à New Harmony, village communautaire créé par l'industriel et philanthrope anglais Robert Owen dans l'Indiana, alors l'extrême Ouest américain. La petite colonie périclite rapidement, mais Lesueur demeure dans la région et explore le Missouri, l'Illinois, le Tennessee et les rives du Mississippi. Il continue à envoyer au Muséum de Paris, dont il est membre correspondant, de nombreux spécimens d'animaux ainsi que des dessins. Mais il ne s'intéresse pas qu'à la zoologie et à la géologie. Les croquis, les esquisses et les dessins de paysages qu'il laisse constituent une documentation aussi précise que variée sur les États-Unis de l'époque. Il y crée le premier atelier de lithogravure pour publier ses dessins. Il est aussi archéologue et découvre le premier gisement dans l'Indiana, il invente une technique de repères et inventorie le site avec les objets en place dans leur contexte. Il participe aussi à l'aventure du tracé de la frontière.

De retour en France en 1837, Lesueur s'installe près du Havre et entreprend le relevé géologique du cap de la Hève. La ville à laquelle il a donné une partie de ses collections lui offre, en 1845, la direction du muséum qu'elle vient de créer. Il meurt un an plus tard.