Yves Lacoste
Géographe français (Fès, Maroc, 1929).
Après avoir passé son enfance au Maroc (son père est géologue), il retourne en Afrique du Nord avec son épouse – ethnologue qui s'intéresse aux Kabyles – après ses étude de géographie et travaille sous la direction de Jean Dresch dont il partage les idées : engagement en faveur des peuples colonisés et adhésion au parti communiste (jusqu'en 1956). Il rédige alors Les Pays sous-développés (1959) et la Géographie du sous-développement (1965). Il enseigne à l'Université de Paris-VIII Vincennes (fondée en 1969 et transférée à Saint-Denis en 1980).
Un géographe engagé
Après un voyage au Viêt Nam (1972), Yves Lacoste publie un article dans le journal Le Monde où il accuse les États-Unis d'avoir bombardé les digues du fleuve Rouge afin de provoquer leur rupture au moment de la mousson. Il radicalise sa réflexion en rédigeant un pamphlet, La Géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre (1976), qui le fait connaître du grand public. La même année, il fonde la revue Hérodote, sous-titrée d'abord Stratégies, géographies, idéologies puis Revue de géographie et de géopolitique. Il veut alors réintroduire l'étude de la géopolitique en France. Selon lui, cette dimension politique de la géographie, présente chez Élisée Reclus, a été exclue par Paul Vidal de la Blache (sauf dans son dernier livre) et par ses successeurs qui auraient rejeté Élisée Reclus ; après 1945, la géopolitique aurait été tabou en raison des écrits des géopoliticiens allemands (notamment Karl Haushofer) qui ont inspiré la politique nationale-socialiste. Lacoste critique aussi bien la géographie classique que les théories modélisatrices de Roger Brunet, notamment les chorèmes et le concept de dorsale européenne.
La réhabilitation de la géopolitique
Si Lacoste n'oublie pas les pays du Sud (Unité et Diversité du tiers-monde, 1980 ; Contre les anti-tiers-mondistes et contre certains tiers-mondistes, 1985), il rédige essentiellement des ouvrages de géopolitique à partir des années 1980 : une Géopolitique des régions françaises (1986), Questions de géopolitique (1988), un Dictionnaire de géopolitique (1993) prolongé par un Dictionnaire géopolitique des États (1997), De la Géopolitique aux paysages : dictionnaire de la géographie (2003), Géopolitique, la longue histoire d'aujourd'hui (2006), Géopolitique de la Méditerranée (2006). Géographe contemporain sans doute le plus célèbre parmi le grand public, il est aussi reconnu par ses pairs : il reçoit le prix Vautrin-Lud (2000).