Jean Louis Armand de Quatrefages de Bréau
Naturaliste français (Berthezène, près de Valleraugue, 1810-Paris 1892).
Issu d'une famille protestante des Cévennes, il est envoyé par ses parents au collège de Tournon, où il manifeste un penchant marqué pour les mathématiques et les sciences physiques. Cette attirance va se confirmer, puisqu'il prépare un doctorat ès sciences à l'université de Strasbourg. Il est reçu en 1829 – il n'a que 19 ans – avec deux thèses, l'une sur la Théorie du coup de canon, l'autre sur le Mouvement des aérolithes considérés comme des masses disséminées dans l'espace par l'impulsion des volcans lunaires. Engagé comme aide-préparateur de chimie et de physique à la faculté de médecine de Strasbourg, il en profite pour entreprendre des études de médecine, qu'il termine en 1832 par la soutenance d'une thèse de doctorat sur l'Extroversion de la vessie.
Par la suite, il s'établit comme médecin à Toulouse, mais trouve assez de temps pour s'adonner à l'étude des animaux, qui se révèle, au fil des années, une passion de plus en plus envahissante. Il publie le résultat de ses observations dans le Journal de médecine et de chirurgie de Toulouse, fondé par lui en 1836. Ses articles lui valent d'occuper, à titre temporaire, la chaire de zoologie à la faculté des sciences de Strasbourg. Comme cette chaire ne lui est pas définitivement attribuée, il donne sa démission et part pour Paris en 1840. La même année, il y achève un troisième doctorat, celui de sciences naturelles, avec une thèse très remarquée sur les Caractères zoologiques des rongeurs. Pour avoir les moyens de poursuivre ses recherches, il rédige des articles pour les revues et les journaux, et met ses talents de dessinateur au service de l'illustration d'une nouvelle édition du Règne animal de Georges Cuvier.
Sur les conseils du naturaliste Henri Milne-Edwards, il s'oriente vers l'étude des animaux marins, auxquels il consacre plus de quatre-vingts mémoires entre 1840 et 1852. Il explore systématiquement le littoral français et participe même, en 1844, à une mission scientifique en Sicile. Il évoque ses voyages dans un ouvrage paru en 1854 et écrit d'une plume alerte ses Souvenirs d'un naturaliste. Ses travaux lui permettent de découvrir de nouvelles espèces animales et d'enrichir les connaissances sur celles déjà observées. Il conçoit une théorie qui lui vaudra bien des attaques et se révélera d'ailleurs erronée, celle du « phlébentérisme » : il affirme que le système circulatoire de certains invertébrés s'est dégradé au cours des âges et a été progressivement remplacé par des prolongements du système digestif, qui servent de vaisseaux et assurent non pas la circulation du sang, mais celle des substances alimentaires transformées.
Quatrefages de Bréau devient en 1850 professeur d'histoire naturelle au lycée Henri-IV. Cinq ans plus tard, la chaire d'histoire naturelle de l'homme au Muséum lui est attribuée. Avant d'entamer sa carrière d'anthropologue, il termine son Histoire naturelle des annelés marins et d'eau douce, qui paraît en 1865. Avec Boucher de Crèvecœur de Perthes et Lartet, il prend une part active à la naissance de la science de la préhistoire, mais il s'oppose à la thèse de l'origine simienne de l'homme. Bien que chef de l'école antitransformiste en France, il contribue beaucoup à faire connaître les idées de Charles Darwin, dont il soutient avec ardeur la nomination comme correspondant de l'Académie des sciences.