Jean-Baptiste, dit Django Reinhardt
Guitariste et compositeur français de jazz (Liberchies, Belgique, 1910-Samois-sur-Seine 1953).
D'origine tsigane, il a créé, en 1934, avec le violoniste Stéphane Grappelli, un quintette à cordes (trois guitares, une contrebasse et un violon). Virtuose inimitable, il fut, avec Charlie Christian, le grand « découvreur » de la guitare moderne. Sa composition Nuages a connu un immense succès. Parmi ses enregistrements, on peut citer Dinah (1934), Djangology (1935), Minor Swing (1937), Manoir de mes rêves (1943), Echoes of France (1946), Minor Blues (1949).
Jean-Baptiste, dit Django, manouche né dans la roulotte familiale, autodidacte, joue à treize ans dans les bals musettes avec des accordéonistes ; il sera obligé de réapprendre la guitare après l'incendie de sa roulotte en 1928. Ayant perdu l'usage de deux doigts de la main gauche, il mettra au point une technique personnelle à la mesure de sa main atrophiée. Remarqué à Toulon par le peintre Émile Savitry, Django découvre le jazz en même temps que son frère Joseph, et se produit alors dans les clubs de la Côte d'Azur. De retour à Paris, il fréquente les milieux du jazz, joue en compagnie du violoniste Michel Warlop.
En 1934, il crée, avec Stéphane Grappelli au violon, le quintette du Hot-Club de France, qui enregistre ses quatre premières plages pour la marque Ultraphone. Ce sera tout de suite le succès, tant par la formule à cordes (un violon, une guitare soliste et deux d'accompagnement, une contrebasse), unique dans l'histoire du jazz, que par la musique intimiste, raffinée, au swing chaleureux. Django deviendra le premier musicien européen à exercer une influence sur les guitaristes américains, jouera avec les grands solistes de passage (Coleman Hawkins, Benny Carter, Barney Bigard) ; avec l'« Ange noir du violon », Eddie South, et Grapelli, il fera swinguer le Premier Mouvement du Concerto en ré mineur de J.-S. Bach. En 1940 ses Nuages redonnent de la couleur à la nuit noire de l'Occupation, pendant laquelle il deviendra la vedette la plus populaire du jazz français.
Au lendemain de la Libération, il retrouve Grapelli resté à Londres, reforme le quintette avec ou sans lui, après avoir joué aux États-Unis avec l'orchestre de Duke Ellington. Il adopte (et s'adapte merveilleusement à) la guitare électrique, joue avec des jeunes boppers, mais les engagements se font plus rares… Il se fixe (enfin) à Samois, où un festival annuel perpétuera sa mémoire.
En semi-retraite, partageant son temps entre la peinture et la pêche à la ligne, Django Reinhardt coule des jours paisibles à Samois. Il rencontre, début janvier 1953, Norman Granz, qui lui propose de rejoindre le Jazz at the Philharmonic pour une tournée, privilège unique offert à un jazzman européen. Il entre une dernière fois en studio le 8 avril, en compagnie de Martial Solal et de Pierre Michelot ; le 15 mai, il est frappé de congestion cérébrale et meurt dans la nuit. Ainsi disparaît ce personnage doux et fantasque, hors du commun, devenu le plus grand guitariste de jazz, le premier à avoir émancipé l'instrument, à lui avoir donné une dimension orchestrale.