Esther Hillesum, dite Etty Hillesum

Intellectuelle israélite néerlandaise (Middelburg 1914-camp de concentration d’Auschwitz 1943).

Fille d’un docteur ès lettres classiques issu de la bourgeoisie juive néerlandaise et d’une immigrante d’origine russe qui a fui les pogroms en 1907, Etty Hillesum grandit à Amsterdam. Après une maîtrise de droit (1939), elle entame des études de russe bientôt interrompues par la guerre et l’Occupation. En février 1941, elle fait la rencontre de Julius Spier (1887-1942), un Juif allemand héritier de la pensée de Carl Gustav Jung, auprès de qui elle commence une thérapie. Ce psychologue quinquagénaire aura une influence déterminante sur la jeune femme en convertissant son appétence pour une vie libérée en une quête éperdue de spiritualité.

Le 8 mars 1941, Etty Hillesum commence l’écriture d’un journal. Nourrie par ses lectures (la Bible, saint Augustin, Rainer Maria Rilke), elle y note la douloureuse réalité historique – la restriction des droits pour les Juifs, les persécutions dont ils sont victimes –, mais aussi sa foi en l’homme, son goût pour la vie et son amour croissant pour Dieu. Ce Journal, consigné dans onze petits cahiers à spirale (un a été perdu) et confié à une amie, sera publié aux Pays-Bas en 1981, puis traduit en français en 1988 sous le titre Une vie bouleversée.

Entre juillet 1942 et juin 1943, Etty Hillesum effectue trois séjours au camp de transit de Westerbork, au nord d’Amsterdam. Dans le souci de partager le sort de la collectivité et en tant que fonctionnaire du Conseil juif (mis en place par les Allemands pour maintenir un semblant d’humanité dans le camp), elle se porte volontaire pour aider les réfugiés. Ses Lettres de Westerbork (1942-1943, publiées en 1981) témoigneront de ce dévouement. Déportée anonyme avec ses parents et un convoi de 987 personnes (7 septembre 1943), elle s’éteint finalement dans le camp de concentration d’Auschwitz le 30 novembre 1943, victime, comme quelque 110 000 Juifs vivant aux Pays-Bas, comme Anne Frank dans la fleur de l’âge, de la barbarie nazie.