Stéphane Hessel
Résistant et diplomate français d'origine allemande (Berlin 1917-Paris 2013).
1. Le résistant
Né dans une famille issue de banquiers allemands, il est le fils de l'écrivain Franz Hessel et de Helen Grund – le couple anticonformiste immortalisé par le film Jules et Jim, d'après le roman de Henri-Pierre Roché. En 1925, Stéphane Hessel émigre avec sa mère et son frère en France et obtient son bac de philosophie à l’âge de quinze ans. Naturalisé français (1937), normalien (1939), il décide de rejoindre le général de Gaulle à Londres à l'âge de 24 ans (mars 1941) et devient agent de liaison au sein du Bureau central de renseignement et d’action (BCRA). En mars 1944, alors qu’il réalise une mission (« mission Greco ») en France, il est arrêté par la Gestapo, déporté à Buchenwald où il est sauvé in extremis grâce à un complot, avant d’être transféré à Dora-Mittelbau (janvier 1945). Lors de son transfert vers le camp de Bergen-Belsen, il s’évade et rejoint les troupes américaines à Hanovre.
2. Le diplomate
De retour à Paris le 8 mai 1945, il se présente avec succès au concours du Quai d’Orsay qui marque son entrée dans la diplomatie comme ambassadeur de France en Chine. Mais délaissant ce poste, il rejoint en février 1946 à New York Henri Laugier, alors secrétaire général adjoint aux Nations Unies. Secrétaire de la Commission instaurée par la Charte des Nations unies en 1946, Stéphane Hessel participe alors, notamment aux côtés du professeur René Cassin, à l’élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme, rédigée en un an ; elle sera adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 10 décembre 1948.
De retour à Paris où il figure parmi les proches collaborateurs de Pierre Mendès France (1954-1955), il devient par la suite ambassadeur de France à l'ONU, avant d'exercer ses fonctions de diplomate dans plusieurs pays.
3. L'infatigable militant
Socialiste, pro-européen, Stéphane Hessel ne cesse par ses multiples engagements d’œuvrer en faveur de la liberté, de la justice et de la paix. Il fonde ainsi en 1962 l’Association de formation des travailleurs africains et malgaches (AFTAM) qu’il préside. Il parraine de multiples associations et met son expérience et son autorité morale au service de très nombreuses causes, que ce soit celle des « sans-papiers » de l’église Saint-Bernard-de la Chapelle (juin 1996), celle des Palestiniens dont il dénonce à plusieurs reprises les conditions de vie ou encore celle des populations civiles libanaises victimes des bombardements israéliens (juillet 2006).
Membre de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (1982-1985), du Haut Conseil à l'intégration (1990-1993), il représente la France à la Conférence mondiale de Vienne pour les droits de l'homme en 1993. Membre de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), il signe en 2004 l'appel collectif de résistants de la première heure à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944.
Depuis 2002, il est vice-président du Collegium international, cofondé avec le président slovène Milan Kučan, Michel Rocard et Edgar Morin, et dont l'objectif est de définir une nouvelle éthique universelle de civilisation.
4. L'humaniste
Homme de multiples cultures, parlant couramment l'allemand, l'anglais et le français, Stéphane Hessel a rassemblé dans une anthologie personnelle, Ô ma mémoire. Poésie, ma nécessité (2003), des poèmes de François Villon à Christian Planque en passant par Shakespeare, Hölderlin, Keats, Rilke et Apollinaire, livrés dans leur langue originale.
Homme d'action et de réflexion, il témoigne dans son autobiograpie (Danse avec le siècle, 1997) de ses expériences (Dix pas dans le nouveau siècle, 2002) ou de ses rencontres : Citoyen sans frontières : conversations avec Jean-Michel Helvig (2008), Le Chemin de l'espérance (2011), un dialogue avec Edgar Morin.
5. Indignez-vous !
À l'âge de 93 ans, encouragé par deux journalistes engagés, il rédige et publie un opuscule d'une trentaine de pages, Indignez-vous ! (2010), qui devient rapidement un phénomène éditorial et la référence d'une vague de mouvements de contestation sociale et citoyenne.