Gnaeus Domitius Afer

Orateur romain, sous Tibère et sous les trois empereurs suivants (Nîmes 16 avant J.-C.-Rome 59 après J.-C.).

Orateur de grand talent, maître de Quintilien, il se déshonora en se livrant à la délation, par appât du gain, et en dénonçant par de fausses accusations plusieurs hauts personnages de la société romaine ; en particulier, en 26, il fit condamner Claudia Pulchra, la veuve de Germanicus, qu'il accusa d'adultère et de pratiques de sorcellerie dirigées contre Tibère. Ayant ainsi gagné les bonnes grâces de l'empereur, il « prit goût au métier » (Bayle) et, l'année suivante, il se fit l'accusateur de Quintilius Varus.

« Mais si l'humanité des grands et les largesses du prince avaient adouci des calamités fortuites [l'écroulement d'un amphithéâtre à Fidènes, puis l'incendie du Caelius à Rome, dont il vient d'être question], il n'était point de remède contre la rage des accusateurs, qui se déchaînait plus forte chaque jour et plus acharnée. Domitius Afer s'était saisi de Varus Quintilius, riche parent de César [Tibère], et dont il avait déjà fait condamner la mère Claudia Pulchra. Personne ne fut surpris que Domitius, longtemps pauvre, et qui avait dissipé follement un premier salaire, courût à de nouvelles bassesses. Mais on s'étonna de voir Publius Dolabella s'associer à cette délation, et qu'un homme issu de nobles ancêtres, allié de Varus, dégradât sa noblesse et devînt le bourreau de son propre sang. Le sénat résista cependant, et fut d'avis qu'on attendît l'empereur, seul et passager refuge contre les maux les plus pressants. » (Tacite, Annales, 4, 6). Ses flatteries, autant que ses talents d'orateur, valurent peut-être à Afer d'avoir la vie sauve lorsque Caligula le traîna en justice. « Sa faute était bien légère : il avait érigé une statue à Caligula et marqué dans l'inscription que ce prince était consul pour la seconde fois, à l'âge de 27 ans. Il croyait faire sa cour par là, mais l'empereur le mit en justice, prétendant qu'il lui reprochait sa jeunesse et l'inobservation des lois. […] Afer tomba à genoux et cria merci en déclarant qu'il redoutait plus l'éloquence de Caligula que sa qualité d'empereur. Non seulement ce dernier lui pardonna, mais il l'éleva au consulat par la destitution de ceux qui étaient alors en charge. » (Bayle.) Afer fut en effet consul suffect en 39. Il mourut sous le règne de Néron, d'un excès de table. Il eut des enfants adoptifs (selon Pline le Jeune, après avoir adopté deux frères, il fit ensuite confisquer les biens de leur père et leur laissa les siens, malgré lui en quelque sorte, car il y a beaucoup d'apparence que la mort qui le surprit l'empêcha de révoquer le testament qu'il avait fait à leur avantage) et fut, par une de ses filles, l'aïeul de l'empereur Marc-Aurèle.