Valéry Giscard d'Estaing
Homme d'État français (Coblence 1926-Authon, Loir-et-Cher, 2020).
L’ascension politique d’un républicain indépendant
Issu de la haute bourgeoisie, Valéry Giscard d’Estaing passe par l’École polytechnique avant d’intégrer l’E.N.A. Inspecteur des Finances (1954), il est élu député du Puy-de-Dôme en 1956 (un siège qu’il conservera jusqu’en 1973). Il se rallie dès 1958 au général de Gaulle, entraînant avec lui quelques éléments du Centre national des indépendants. Nommé secrétaire d'État aux Finances en 1959 dans le gouvernement de Michel Debré, il devient ministre des Finances en 1962 dans le gouvernement de Georges Pompidou. À ce poste, il met en œuvre un plan de stabilisation économique contre l'inflation dont l'échec partiel l'oblige à démissionner en 1966) Il crée peu après la Fédération nationale des républicains indépendants (R.I.), qui apporte un soutien critique à la politique gouvernementale et appelle à voter « non » lors du référendum d'avril 1969 sur la réforme du Sénat et la régionalisation. Après la démission du général de Gaulle (1969), il soutient la candidature de Georges Pompidou à la présidence de la République et retrouve le ministère de l'Économie et des Finances. Après la mort de Georges Pompidou (avril 1974), il brigue sa succession et bénéficie de l'appui de Jacques Chirac et de plusieurs députés gaullistes. Il est élu président de la République le 19 mai 1974 avec seulement 50,81 % des suffrages contre le candidat de la gauche, François Mitterrand. Il nomme Jacques Chirac au poste de Premier ministre.
Président de la République (1974-1981)
Affirmant une volonté de changement et de modernisation, le président Giscard d’Estaing encourage un certain nombre de réformes libérales, telles que la légalisation de l’avortement avec la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (I.V.G.), l’abaissement de l'âge de la majorité à 18 ans ou encore l’instauration du divorce par consentement mutuel. Le pays entre cependant dans une crise amplifiée par le premier choc pétrolier (1973), et doit faire face à de graves problèmes économiques (chômage, inflation, coût des matières premières). À la suite des divergences qui l’opposent à Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing fait appel, en 1976, à un économiste, Raymond Barre, pour diriger le gouvernement.
À l'extérieur, il axe la politique étrangère sur la construction de l'Europe – avec le chancelier allemand Helmut Schmidt, il est l’instigateur du système monétaire européen (S.M.E.) et de l'élection des députés au Parlement européen (1969) – et sur l'entente avec le tiers monde.
Au plan intérieur, la nécessité pour le président de s'appuyer sur une majorité élargie détermine la création du parti républicain (P.R.) en 1977, puis la constitution, en 1978, de l'Union pour la démocratie française (U.D.F.), qui regroupe la droite non gaulliste et le centre. Mais la majorité présidentielle est ébranlée par les réserves que formule son allié, le R.P.R. Candidat à un second septennat, Valéry Giscard d'Estaing est affaibli par la concurrence de Jacques Chirac et par une longue polémique sur ses liens personnels avec le dictateur centrafricain Jean Bédel Bokassa. Au second tour de l'élection présidentielle d'avril-mai 1981, il ne recueille que 48,24 % des suffrages face à François Mitterrand.
Les nombreux habits de l’ancien président
Loin de se retirer de la vie politique, l’ancien président retrouve son siège de député du Puy-de-Dôme (1984-1989 et 1993-2002) et préside la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale (1987-1989 et 1993-1997). Il est en outre président du Conseil régional d'Auvergne (1986- 2004), et préside l'U.D.F. de 1988 à 1996.
Député au Parlement européen (1989-1993), il revient sur le devant de la scène politique européenne en prenant en 2002 la présidence de la Convention sur l'avenir de l'Europe chargée de préparer un projet de Constitution pour l’Union européenne (dont le processus de ratification sera arrêté faute de consensus au sein des pays membres). Auteur d'un roman, le Passage (1994), il est élu en 2003 à l'Académie française au fauteuil de Léopold Sédar Senghor. Il a fait part de ses idées et de son expérience politique dans Démocratie française (1976) et le Pouvoir et la Vie (1988).
Après sa défaite au scrutin régional de 2004, Valéry Giscard d’Estaing choisit de rejoindre le Conseil constitutionnel, dont il est membre de plein droit en sa qualité d’ancien président de la République.