Giuseppe Garibaldi
Homme politique italien (Nice 1807-Caprera 1882).
En Amérique du Sud, comme en Italie puis en France, Giuseppe Garibaldi devint un héros de l'indépendance des peuples, et même fut le héros par excellence pour Michelet. Aventurier romantique, il mena ses combats en s'efforçant de ne jamais dépendre des intérêts politiques.
1. L'aventurier patriote
Né au sein d'une famille de marins, Giuseppe Garibaldi s'embarque sur les navires de son père dès 1822. Il découvre Constantinople et surtout Rome, qui lui laisse une profonde impression. C'est là, en 1833, qu'il rencontre et rejoint Giuseppe Mazzini. Au contact des défenseurs de la Jeune-Italie, il se dit « initié au sublime mystère de la patrie ». Compromis dans une tentative de coup de main sur Gênes, il est condamné à mort. Il se réfugie alors à Marseille avant de partir, en décembre 1835, pour l'Amérique du Sud.
2. Le « héros des deux mondes »
Au cours de ses treize années d'exil, Garibaldi épouse la cause des indépendantistes. Au Brésil, il combat dans les rangs de la jeune République du Rio Grande do Sul (1836), puis en Uruguay contre le dictateur argentin Rosas (1841). En 1843, Montevideo est défendue par une Légion italienne, constituée d'exilés et d'aventuriers. Garibaldi entreprend de réorganiser cette troupe disparate et l'équipe d'un uniforme qui deviendra célèbre, la camicia rossa (« chemise rouge »). À la tête de ses Chemises rouges, le « général » Garibaldi multiplie les faits d'armes et devient en Amérique du Sud un héros populaire dont la renommée gagne le Vieux Continent.
Revenant à Nice en 1848, Garibaldi offre son aide à Charles-Albert, roi de Sardaigne. Le républicain se fait momentanément royaliste. Avec ses volontaires, il combat les Autrichiens dans le Milanais, mais sans succès. Puis, marchant sur Rome, il peut y proclamer la république en 1849. Or, Napoléon III, venu au secours du pape, en chasse Garibaldi. Pour l'aventurier italien, c'est de nouveau l'exil, à Londres, aux États-Unis, et jusqu'en Chine…
De retour en Italie en 1854, Garibaldi se met d'emblée au service du nouveau roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel II, lequel lui confie le commandement des cacciatori delle Alpi, les chasseurs alpins. À leur tête, Garibaldi s'illustre dans la guerre contre l'Autriche qui, en 1859, s'achève par le rattachement de la Lombardie au Piémont, bientôt suivi par le ralliement des duchés de Parme, de Toscane, de Modène, puis des légations de Bologne et de Ferrare. L'unité italienne est en marche ; Garibaldi veut y jouer son rôle.
Pour en savoir plus, voir l'article révolutions européennes de 1848.
3. Le meneur de l'expédition des Mille
Le maître d'œuvre de cette unité, Cavour, porte désormais ses regards vers le sud de l'Italie, où une révolte vient d'éclater en Sicile. Mais il ne veut pas affronter officiellement le royaume de Naples. Cette mission va échoir aux Chemises rouges de Garibaldi. De Quarto, près de Gênes, ils sont un millier de volontaires à partir pour la Sicile. Le 11 mai 1860, ils débarquent à Marsala et entament la conquête de l'île. Puis, en septembre, Garibaldi entre victorieux dans Naples. L'unité est alors presque achevée pour le compte de Victor-Emmanuel II, effectivement proclamé roi d'Italie en 1861.
Grisé par son succès, Garibaldi est résolu à faire de Rome, toujours dominée par les États de l'Église, la capitale de l'Italie. En 1862, il prend la tête – malgré l'opposition du gouvernement piémontais – de deux expéditions dans le Trentin, puis en Calabre. Il doit cependant s'avouer vaincu. Dès lors, il ne jouera plus en Italie qu'un rôle de second plan et ne sera pas au nombre de ceux qui, en septembre 1870, feront plier Rome.
4. L'éternel romantique
L'aventure toutefois n'est pas encore finie ; c'est en France désormais qu'elle va se prolonger, contre les Prussiens. En prenant Dijon (janvier 1871), Garibaldi remporte une des rares victoires de la jeune République. Il se trouve ensuite à Paris pendant les événements de la Commune, puis retourne en Italie. Celui qui fut présent sur tant de champs de bataille se reconvertit en homme politique. Élu député de Rome en 1874, il préside ensuite la Ligue de la paix et de la liberté à Genève.
Finalement retiré sur son île de Caprera, Garibaldi abandonne les armes pour la plume, et se consacre à la rédaction des Mémoires d'une Chemise rouge. Quand il s'éteint, sa légende de combattant des nobles causes est déjà bien installée.
5. Mazzini, maître à penser de Garibaldi
Si Garibaldi fut le bras armé de l'unité italienne, Giuseppe Mazzini en fut l'un des promoteurs et le principal théoricien. Fondateur du mouvement Jeune-Italie, ce dernier rêvait de réunir toute l'Italie sous la bannière de la République. Artisan des insurrections de 1848, qui restèrent sans lendemain, il continua de prêcher la révolte sur un ton qui faisait de l'idéal républicain une véritable profession de foi. Ainsi, Mazzini sema dans l'esprit de toute une génération l'espoir de l'unité italienne. Garibaldi a appartenu à cette génération. C'est lui qui réalisa, pour le compte de la monarchie de Sardaigne, les vœux de Mazzini.