Endo Shusaku

Écrivain japonais (Tokyo 1923-Tokyo 1996).

Baptisé dès l'âge de onze ans, il exprimera dans toute son œuvre, influencée par sa connaissance de Bernanos, Mauriac et Claudel, la problématique de la foi chrétienne au Japon, pays fort éloigné de l'idée du monothéisme. Ses études littéraires à Lyon, de 1950 à 1953, lui fournissent le cadre de son premier roman, l'Homme blanc (1955), pour lequel il obtient le prix Akutagawa ; il revient également sur son expérience occidentale dans Études en terre étrangère (1965). Les thèmes du mal et du péché ainsi que de la responsabilité se retrouvent dans la Mer et le Poison (1957 ; trad. fr. 1979), qui évoque les expériences scientifiques que menèrent des médecins japonais sur des prisonniers de guerre américains. Ensuite, son œuvre suit deux cheminements parallèles. Dans des récits historiques, il décrit le destin des chrétiens japonais du xviie s. avec Silence (1966 ; trad. fr. 1971), où il s'interroge sur le sens du martyre, et avec le Samouraï (1980), qui ferme ce diptyque sur la foi et le sacrifice. Utilisant en revanche la fiction contemporaine, non sans humour, comme dans Un admirable idiot (1959 ; trad. fr. 1981), il s'attache à déceler dans la société la lâcheté et la peur de l'amour. Son écriture sobre mêle fiction et aveu intime tout en se défiant du pathétique, comme dans Scandale (1986 ; trad. fr. 1988), qui, par sa franchise et sa justesse de ton, fit justement scandale au Japon. Bien que non conformiste, Endo appartint à l'establishment littéraire ; membre de l'Académie des arts, il fut président du Pen-Club de 1985 à 1989 et lauréat, en 1995, du prix de la Culture décerné par l'État. Son dernier livre, le Fleuve sacré (1994), une quête religieuse sur fond de voyage en Inde, est paru en France en 1996.