Paul–Louis Courier de Méré

Écrivain français (Paris 1772-Véretz, Indre-et-Loire, 1825).

Attiré très tôt par la littérature grecque, Paul-Louis Courier de Méré, fils d'un riche bourgeois, s'orienta cependant vers les mathématiques pour complaire à son père, qui le destinait au génie militaire. Lieutenant d'artillerie, il est envoyé, en 1793, dans l'armée du Rhin. Courier, qui déteste la guerre, déserte le front lors du siège de Mayence (1795). Grâce à ses protecteurs, il échappe aux poursuites, mais doit bientôt reprendre du service et se retrouve commandant d'artillerie en Italie (1798). Rentré en France en 1800, il parvient, durant trois ans, à s'assurer assez de loisirs pour continuer ses traductions du grec et du latin, notamment la pastorale de Longus Daphnis et Chloé (1810). Puis il est de nouveau envoyé en Italie où il reste jusqu'en 1809, année de sa démission. Il se marie en 1814. Sa candidature à l'Académie des inscriptions est refusée en 1819. La Lettre à Messieurs de l'Académie qu'il publie à cette occasion est le premier des nombreux pamphlets qu'il écrira après sa retraite dans son domaine de la Chavonnière, près de Véretz, et qui lui vaudront des procès, des amendes et une peine de prison.

De ces écrits polémiques on peut retenir essentiellement Pétition aux deux Chambres (1816) ; Procès de Paul-Louis Courier, vigneron (1821) ; Simple Discours sur le projet de donner Chambord au duc de Bordeaux (1821) ou encore le Pamphlet des pamphlets (1824). L'esprit libéral et violemment anticlérical de ses pamphlets est peut-être la cause de la mort de Courier, mystérieusement assassiné d'un coup de fusil, le 10 avril 1825.

Grand helléniste et excellent traducteur, il a trouvé chez les auteurs grecs comme chez les grands prosateurs français – Montaigne, Molière, Pascal – les modèles sur lesquels il a forgé sa langue souple et précise. Il demeure cependant un homme du xviiie s., un habile épistolier (ses Lettres seront publiées en 1828) un émule de Voltaire, isolé à l'époque du romantisme et du christianisme renaissant. Il reste néanmoins un écrivain mineur par sa superficialité, son absence de morale et de psychologie, la minceur de son propos, qui se cristallise sur des détails. Mais peut-être est-ce le mérite de cet opposant perpétuel de s'être emparé de ces riens, comme le dit Sainte-Beuve, et d'en avoir fait de « merveilleuses petites pièces de guerre ».