Claude Régy

Metteur en scène de théâtre français (Nîmes 1923).

Après des études de sciences politiques et d’art dramatique, il s’oriente vers la mise en scène, passant vite d’auteurs reconnus, comme García Lorca qui lui inspire son premier spectacle (Doña Rosita, 1952), à des auteurs en rupture avec la tradition de théâtre discursif ou lyrique : Marguerite Duras, dont il monte la première pièce, les Viaducs de la Seine-et-Oise (1950, l’auteur reprendra son texte pour en faire l’Amante anglaise, que Régy montera également, en 1969), Nathalie Sarraute, la nouvelle école anglaise (Harold Pinter, James Saunders, John Osborne, Tom Stoppard), le courant novateur de langue allemande (Peter Handke, Botho Strauss). Certains de ses spectacles, comme la Chevauchée sur le lac de Constance de Handke, que jouent Jeanne Moreau, Delphine Seyrig, Sami Frey et Gérard Depardieu en 1973, ont un profond retentissement pendant les décennies 1970 et 1980. Ensuite, il continue à être un découvreur d’auteurs (Jon Fosse, Sarah Kane), un « passeur », selon une formule qu’il affectionne, mais mène sa recherche de façon plus radicale, créant une forme théâtrale personnelle et cérémonielle à partir d’œuvres qui appellent un style de représentation plus songeur que dynamique (la Mort de Tintagiles de Maeterlinck, 1997) et de textes non-théâtraux (Comme un chant de David d’après les psaumes de David, 2005 ; Ode maritime de Pessoa, 2009).

Dans plusieurs essais (Espaces perdus, 1991 ; Au-delà des larmes, 2007), il a défini sa manière différente de faire du théâtre qui vise à faire saisir l’au-delà du texte, presque plus que le texte lui-même, par une action quasi figée dans un lieu dépouillé, sous une lumière de clair-obscur et à travers un jeu suspendu qui ralentit la diction et le geste. « Je crois que le théâtre doit dire ce qu’il y a de plus obscur dans l’être humain », dit Régy, pour qui la représentation de la vie ne se dissocie pas de la présence secrète de la mort. Parfois contesté par les auteurs qu’il met en scène et les acteurs qu’il dirige – en raison d’une volonté d’immobilité qui peut freiner l’émotion, le rythme ou l’humour des textes, faire passer à l’arrière-plan l’évidence de l’action et des relations entre les personnages –, il reste l’un des artistes qui a exercé le plus d’influence sur les générations de metteurs en scène qui ont émergé après lui.