Charles VI le Bien-Aimé
(Paris 1368-Paris 1422), roi de France (1380-1422), fils de Charles V et de Jeanne de Bourbon.
1. Une minorité troublée
Malgré l'ordonnance de Charles V, qui fixait la majorité des rois à 14 ans, ses oncles, Louis Ier d'Anjou, Philippe II le Hardi, Louis II de Bourbon et Jean de Berry, gardent le pouvoir jusqu'en 1388, chacun cherchant surtout à arrondir ses apanages et à accroître son influence. L'argent manque, on multiplie les taxations, et le peuple se révolte : les maillotins parisiens assomment les percepteurs, au moment même où gronde la révolte communale en Flandre. Charles VI bat les Flamands révoltés à Rozebeke (1382) et soumet les villes rebelles : Rouen, Reims, Troyes, etc., et enfin Paris, qui perd plusieurs de ses anciens privilèges. Sous l'influence de Philippe le Hardi, le roi épouse Isabeau de Bavière, fille du duc Étienne II (1385).
2. Trente quatre ans de règne chaotique
2.1. Entre raison et folie
Après avoir imposé aux Anglais les trêves d'août 1388, qui inaugurent un rapprochement entre la France et l'Angleterre, Charles VI se sent assez fort pour se déclarer majeur et rappeler les conseillers de son père, que la malice populaire a surnommés les « marmousets », et qui réussissent à rétablir l'ordre social et administratif ; c'est de ce temps que date le surnom de Bien-Aimé.
Mais Charles est frappé d'une première crise de folie en 1392. Vivant désormais dans des alternances de folie et de lucidité, il ne sera plus qu'un figurant. En janvier 1393, l'accident du bal des Sauvages (dit ensuite « des Ardents ») sans doute aggrave son cas. Son frère, Louis Ier, duc d'Orléans, s'érige en régent de fait, mais est assassiné en 1407 par ordre du duc de Bourgogne Jean sans Peur ; de 1408 à 1410, ce dernier mènera à sa guise le Conseil du roi.
2.2. Armagnacs contre Bourguignons
Le meurtre de Louis d'Orléans est le signal de la guerre civile des Armagnacs, menés par Bernard VII d'Armagnac, beau-père de Charles d'Orléans, fils de Louis, contre la faction des Bourguignons animée par Jean sans Peur et groupant les Parisiens et les réformateurs, notamment les universitaires. Ceux-ci tentent en vain de remédier au désordre ; l'ordonnance cabochienne de 1413 (→ Cabochiens), d'inspiration bourguignonne, ne sera pas appliquée.
2.3. La reprise de la guerre de Cent Ans
Le roi d'Angleterre Henri V profite de cette anarchie pour envahir la France. Il conquiert la Normandie et inflige à la chevalerie française, à Azincourt (1415), une défaite totale. Dès lors, le parti bourguignon, soutenu par Isabeau de Bavière, triomphe : Jean sans Peur, lié avec les Anglais par un pacte secret, devient maître de Paris en 1418 et gouverne au nom de Charles VI. Il veut ensuite se rapprocher des Armagnacs, qui ont avec eux le dauphin Charles (futur→ Charles VII), et une entrevue a lieu sur le pont de Montereau ; Jean y périt, assassiné par les familiers du dauphin (1419). Le nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, conclut alors une alliance ferme avec le roi d'Angleterre et s'entend avec Isabeau de Bavière pour livrer la France à Henri V. Par le traité de Troyes (1420), Henri V doit épouser Catherine, fille de Charles VI, et devenir roi de France en lieu et place du dauphin, Charles VI demeurant roi à titre viager. Mais Henri V meurt en 1422, deux mois avant Charles VI.
Pour en savoir plus, voir les articles guerre de Cent Ans, Valois.