Art Blakey

(il adopta le nom musulman de Abdullah ibn Buhaina)

Batteur de jazz noir américain (Pittsburgh 1919-New York 1990).

En 1958, il fonda le quintette des Jazz Messengers, qui, pendant une dizaine d'années, se produisit dans le monde entier avec grand succès.

Voilà plus de trente ans que Art Blakey occupait le devant de la scène du jazz, depuis que son nom est associé à celui des Jazz Messengers, dont il devient le leader en 1955 ; ce groupe est l'un des rares à avoir connu les faveurs du grand public aux USA et en France dès sa première venue en 1958.

Chef de file, avec Horace Silver, du style hard bop, de ce mouvement funky des années 1950, Blakey, qui admire Chick Webb et déclare tout devoir à Kenny Clarke, est un batteur extrêmement puissant, d'une folle impétuosité, dont les impressionnants rrroulements (press roll) indiquent aux musiciens un changement de tempo ou de soliste, dont les brusques et surprenants silences ou les ponctuations (coups de tonnerre, coups de cravache, éclairs et zébrures) stimulent, revivifient, relancent le soliste et l'équipe.

Maître ès-couleurs et formes polyrythmiques héritées de l'Afrique (il fut le premier batteur à se rendre sur le continent africain, à la recherche de ses racines, et à étudier les rythmes et les percussions ; converti à l'islam, il prendra le nom d'Abdullah Ibn Buhaina), utilisant à-propos le double time (le batteur joue sur un tempo deux fois plus rapide que celui du soliste), Blakey, d'abord pianiste de son propre orchestre, entre en batterie par obligation, ainsi qu'il le raconte : « Je suis devenu batteur le jour où un gangster m'a ordonné, en me braquant un calibre sous le nez : – Tu veux travailler ici, petit, alors mets-toi à la batterie et ne discute pas. »

En 1939, il entre dans l'orchestre de Fletcher Henderson, travaille dans le big band de Billy Eckstine de 1944 à 1947 et entre en contact avec les jeunes créateurs du be-bop. Il enregistre en 1957 avec Thelonious Monk une série de chefs-d'œuvre en trio et petites formations (leur entente parfaite les fera se rencontrer au fil des années jusqu'aux derniers enregistrements du pianiste en 1971) et joue dans un Seventeen Messengers avec Miles Davis et Fats Navarro. Après un passage dans le quintette de Buddy DeFranco, il forme un premier quintette pour un légendaire concert au Birdland en 1954 avec Clifford Brown, Lou Donaldson, Horace Silver et Curley Russell, et c'est à partir de 1956 qu'il prend la tête des Jazz Messengers, groupe à composition et personnel variables, formidable pépinière de jeunes talents et qui révélera les grands musiciens d'aujourd'hui.

Au début des années 1950, Blakey a enregistré en duo avec le joueur de bongo cubain Sabu et organisé des rencontres entre batteurs et percussionnistes sous le nom de Orgy in Rhythm.