Julian de Ajuriaguerra Otxandiano

Neuropsychiatre et psychanalyste français d'origine espagnole (Deusto, province de Bilbao, 1915-Villefranque, Pyrénées-Atlantiques, 1993).

Après avoir été de 1933 à 1940 l'assistant du professeur Jean Lhermitte, il obtint en 1946 l'agrégation de neuropsychiatrie et se spécialisa dans l'étude du développement psychologique de l'enfant d'un point de vue neurophysiologique. Il fut l'un des animateurs du mouvement de la « révolution psychiatrique » qui, vers le milieu des années 1940, cherchait à modifier le caractère carcéral de la discipline : à la rencontre de la psychiatrie institutionnelle et de la psychanalyse, ce projet réunit, pendant peu de temps, un groupe qui se donna le nom collectif du fictif Docteur Batia (espoir, en langue basque) à l'instar des mathématiciens qui avaient fondé le groupe Bourbaki, et qui comptait parmi ses membres des personnalités comme Lucien Bonnafé, Georges Daumézon, Henri Ey, Sven Follin, Jacques Lacan, Louis Le Guillant, Paul Sivadon ou François Tosquelles.

Titulaire de la chaire de psychiatrie à l'université de Genève (1959-1975), il dirigea l'hôpital psychiatrique de Bel-Air– qu'il transforma radicalement en créant un complexe d'institutions et de services (centre psychosocial, service médico-pédagogique avec une section de psychiatrie infantile et de psychiatrie de l'adolescent, service de gériatrie et de psychogériatrie) de manière à couvrir tous les âges de l'homme –, avant d'être nommé en 1975 professeur au Collège de France, où il occupa jusqu'en 1981 la chaire de Neuropsychologie du développement créée spécialement pour lui.

Chercheur éclectique, Ajuriaguerra a publié de nombreux travaux scientifiques : fondateur avec R. Diatkine, S. Lebovici et R. Crémieux de la revue La Psychiatrie de l'enfant (1958), il publia un Manuel de psychiatrie de l'enfant, (1971), mais aussi d'importants essais sur la psychopathologie de la vision (1942), sur la débilité motrice (1948), sur l'étude sémiologique du tonus musculaire et l'importance des relations corporelles mère/enfant (le « dialogue tonico-émotionnel » et l'ontogenèse des comportements de tendresse), sur les maladies dégénératives des troisième et quatrième âges, etc.