icône

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Terme employé dans les pays de religion orthodoxe pour désigner toute peinture religieuse exécutée sur panneau de bois (par opposition à la peinture murale).

L'icône représente l'image d'un saint personnage ou un fragment de sa vie et illustre des scènes chrétiennes ou bibliques. Les plus anciennes icônes connues datent des vie-viie s. et l'on en exécute encore de nos jours. À l'instar des portraits funéraires de l'époque romaine trouvés au Fayoum, les icônes étaient peintes à l'encaustique. Plus tard, elles le furent à la détrempe ; une toile très fine était collée sur une planche en bois, puis recouverte d'une mince couche de plâtre pour recevoir la peinture. Il existe aussi quelques icônes en orfèvrerie, comme celle de l'Archange Michel (Venise, trésor de Saint-Marc), image en or exécutée au repoussé et incrustée d'émaux. D'autres icônes sont en bronze, en stéatite, en ivoire ou en céramique lustrée ; on a aussi fabriqué, au xive s., des icônes en mosaïque au moyen de cubes minuscules. À partir du xive s. également apparaissent de grandes icônes peintes des deux côtés, à l'usage des processions ; le plus souvent, le Christ ou la Vierge à l'Enfant y sont figurés à l'avers, le Crucifiement ou la Descente de croix au revers.

Les idées sur le caractère et la fonction des images, développées par leurs défenseurs pendant la période iconoclaste (726-843), ont eu une très grande influence sur leur forme même, surtout sur celle des icônes qui représentent des personnages sacrés. D'après ces auteurs, entre l'image et son modèle il y a différence de nature, mais identité morale ; la révérence témoignée à l'image passe au modèle, d'où la nécessité de figurer une image fidèle ; des types immuables se sont ainsi constitués. En outre, on considérait que quelque chose de la force intime et de la sainteté du modèle résidait dans l'image, et que sa contemplation était un moyen d'atteindre à l'intelligible. C'est ce qui explique aussi l'aspect hiératique et le caractère " immatériel " de la plupart de ces représentations, où l'accent est mis sur le contenu spirituel plutôt que sur la réalité de l'aspect physique. Ce caractère est moins marqué dans les icônes à scènes, qui ne sont pas des icônes cultuelles. En évoquant les événements de l'Ancien et du Nouveau Testament, ou en rappelant la vie édifiante des saints proposés comme modèles, ces représentations sont destinées à l'instruction religieuse des fidèles.

La plus importante collection d'icônes byzantines se trouve au monastère de Sainte-Catherine sur le mont Sinaï, où elle comprend des centaines d'images allant des vie-viie s. jusqu'à l'époque contemporaine. Les icônes des pays balkaniques sont très proches des icônes byzantines. Un ensemble précieux d'icônes yougoslaves est conservé au Musée national de Belgrade et dans les églises d'Ohrid, mais les icônes russes, surtout celles des xve-xvie s., sont les plus originales.