abstraction géométrique
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
L'Abstraction géométrique désigne une forme d'expression artistique très souvent non figurative dans laquelle se sont illustrés plusieurs courants historiques et qui a recours à l'utilisation de formes géométriques et de couleurs disposées en aplats dans un espace bidimensionnel. L'Abstraction géométrique se trouve dès le début dans la plupart des manifestations des " pionniers " de l'Art abstrait. En effet, une partie de l'œuvre de František Kupka, les tableaux abstraits de Robert et de Sonia Delaunay avant 1914, les peintures de Mondrian à partir de 1913-14 et par la suite le Néo-Plasticisme, l'œuvre des membres du Stijl (Van Doesburg, Bart Van der Leck, Georges Vantongerloo), le Suprématisme de Malévitch à partir de 1915, puis le Constructivisme russe de Tatline, de Rodtchenko et de Lissitsky et le Constructivisme allemand, en particulier celui de Laszlo Moholy-Nagy avec le foyer du Bauhaus, ensuite de nombreuses tendances françaises qui se sont exprimées par l'intermédiaire de l'association Abstraction-Création (Hélion, Herbin, Gorin) à partir de 1930, ensuite l'art concret suisse de Max Bill, Richard-Paul Lohse et Camille Graeser dans les années 40 se rattachent directement à ce courant, qui n'a jamais été qualifié à cette époque de cette façon mais plutôt d'art abstrait et opposé au Surréalisme. L'Abstraction géométrique s'est manifestée à de nombreuses reprises telles que, à Paris, la création de Cercle et carré et d'Art concret en 1930, la série des expositions d'Abstraction-Création, l'exposition Konstruktivisten à la Kunsthalle de Bâle en 1937, l'exposition Konkrete Kunst au même endroit en 1944. C'est surtout après la Libération, en 1945, que l'Abstraction géométrique s'est imposée en tant que courant opposé à l'Abstraction lyrique, appelée également informelle par contraste et en réaction contre elle, l'Abstraction lyrique ayant une variante intitulée le Paysagisme abstrait. L'Abstraction géométrique a été à cette époque dominée par les personnalités de Magnelli, de Domela et de Herbin, qui s'exprimaient notamment au Salon des réalités nouvelles et dans la galerie Denise René : elle a trouvé de nouveaux adeptes tels que Jean Dewasne (Hommage à Marat, 1951, Paris, M. N. A. M.) ou encore Victor Vasarely et Richard Mortensen, d'autres artistes plus jeunes tels qu'Aurélie Nemours. Aux États-Unis, Josef Albers, en inaugurant sa série d'Hommage au carré, a pris de plus en plus d'importance. C'est au cours des années 50 que se sont développées en Europe de nouvelles tendances utilisant le vocabulaire de l'Abstraction géométrique et reprenant certaines de ses préoccupations et qui se sont exprimées notamment dans les recherches du peintre américain Ellsworth Kelly et du Français François Morellet, de même que dans les œuvres d'Ad Reinhardt aux États-Unis. À la fin des années 50, l'Abstraction géométrique a pu trouver un prolongement dans certaines créations de l'Art cinétique, ainsi qu'en changeant de nature dans les œuvres du Minimal Art américain : les premières périodes de Frank Stella, Sol LeWitt, Carl Andre, Donald Judd, et dans l'Art conceptuel.