Zao Wou-ki

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français d'origine chinoise (Pékin 1921–Nyon 2013).

Issu d'une famille aristocratique et lettrée, il commence à peindre très jeune et entre à quatorze ans à l'E. N. B. A. de Hang-tcheou. De 1934 à 1940, il y étudie les œuvres et les techniques de la peinture chinoise traditionnelle, mais préfère à son académisme élégant les calligraphies, les bronzes et les céramiques des hautes époques. À la fin de ses études, la découverte à Shangai de reproductions de la peinture européenne lui fait pressentir une nouvelle orientation et, en 1941, à vingt ans, il fait à Shangai sa première exposition dans la manière de Picasso. Mais c'est sa maîtrise des techniques chinoises traditionnelles qui lui vaut d'être nommé aussitôt professeur de dessin à l'E. N. B. A., dont il vient de sortir. Il y enseignera jusqu'en 1947. L'année suivante il s'embarque pour la France et arrive à Paris, où il passe ses journées dans les galeries et les musées pour enrichir sa connaissance de l'art occidental. Il devient alors de plus en plus conscient de la nécessité de rester fidèle à ses origines. " C'est Cézanne, a dit Zao Wou-ki, qui m'aida à me retrouver peintre chinois. " Cependant, lorsque l'artiste se remet à peindre en France, c'est avec l'art imagé de Paul Klee que ses premières œuvres avouent une connivence. Mais ce n'était qu'un détour par l'" orientalisme " de certaines compositions de Klee, pour retrouver ses propres sources chinoises. À cette époque, le poète Henri Michaux, qui admire les lithographies du jeune Zao Wou-ki, présente celui-ci à Pierre Loeb, qui devient son premier marchand à partir de 1951 et lui organise une exposition dans sa galerie en 1952. Zao Wou-ki expose aussi à La Hune des dessins, des gravures, des aquarelles et des lithographies en 1951, 1953, 1956. Depuis 1955, il est lié à la gal. de France, qui a exposé ses peintures à plusieurs reprises. C'est lorsqu'il abandonne la figuration, à l'exemple de ses camarades parisiens adeptes de l'art abstrait, que Zao Wou-ki se libère, v. 1953, de l'influence de Paul Klee et qu'il résout, dans un sens personnel, les contradictions entre la conception séculaire de l'art extrême-oriental et les libertés créatrices de l'art européen. Il est parvenu, en effet, à donner une nouvelle vie à la tradition des grands paysagistes chinois et des calligraphes en assimilant les riches et subtils apports des techniques picturales d'Occident (22.06.91, 1991). Ayant dès lors trouvé sa voie, Zao Wou-ki a développé son œuvre dans une succession de paysages informels, grands espaces aériens ou liquides dont les courants sont traversés par des fourmillements d'éraflures ou des jonchées de brindilles que trace la pointe nerveuse du pinceau. Une exposition rétrospective de son œuvre fut présentée au Grand Palais, à Paris, en 1981. Deux ans plus tard, une exposition au musée des Beaux-Arts de Pékin le consacrait enfin dans son pays d'origine. L'artiste est représenté à Paris (M. N. A. M.) avec plusieurs peintures, à la Tate Gal. et au V. A. M. de Londres, à l'Albertina de Vienne, au Guggenheim Museum de New York comme dans les musées de Milan et de Rio de Janeiro. En 1995, il reçoit le Prix Impérial du Japon.