Alonso Vázquez

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre espagnol (Ronda 1565 ? – Mexico 1608).

Mort prématurément au zénith d'une carrière déjà brillante, cet ami et collaborateur de Pacheco, présente un double intérêt : par sa position à la charnière de deux siècles, entre le Maniérisme du xvie s. et le Naturalisme du xviie ; par son rôle de trait d'union entre l'école sévillane et la jeune peinture mexicaine. Peut-être formé à Cordoue, près de l'italianisant Céspedes, il réside sûrement à Séville entre 1590 et 1603. Il montre son habileté de dessinateur et sa science de l'anatomie, avec un michélangelisme desséché, propre aux Andalous de l'époque, dans la Résurrection (1590, Séville, Santa Ana), la première de ses œuvres certaines ; et cet aspect de son art se maintiendra dans ses retables ultérieurs, comme ceux de l'Assomption (1594, Séville, cath.) et de l'Immaculée Conception (1598, Séville S. Andrés) ainsi que celui de l'hôpital de la Sangre (Évangélistes, Pères de l'Église). Mais Vázquez apparaît avec un curieux mélange d'emphase et d'opulence réaliste dans le tableau du Festin du mauvais riche, peint pour le duc d'Alcalá (Madrid, coll. part.), que Pacheco loue pour l'association habile des vaisseliers et des victuailles avec les personnages (il en est de même dans la grande Cène du musée de Séville, qu'on lui attribue aujourd'hui). Un réalisme plus sobre et plus vigoureux se manifeste dans les 2 scènes conservées de la Vie de saint Pierre Nolasque, peintes en 1600-1601 pour le cloître de la Merci (auj. au musée de Séville) en même temps que celles, plus compassées, de Pacheco. Il domine dans le grand tableau d'autel à 2 étages — l'un terrestre et l'autre céleste — de la Mort de saint Herménégilde (1603, musée de Séville), qui montre de très beaux portraits, un peu durs, annonçant déjà Zurbarán. Mais Vásquez, laissant inachevé son ouvrage (l'étage céleste sera terminé par Juan de Uceda), part en 1603 pour le Mexique. Il semble y avoir été accueilli triomphalement, si l'on en juge par les dithyrambes — " dessin de Michel-Ange, couleur de Titien " — que les écrivains mexicains consacraient au Retable de sainte Catherine et aux autres tableaux qu'il peignit pour le vice-roi. Alonso Vázquez semble, malgré la brièveté de son séjour, avoir laissé dans ce pays une trace durable et un héritier en la personne du principal peintre mexicain des années 1620, Luis Juarez.