Charles-André, dit Carle Van Loo

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Nice 1705  – Paris 1765).

Second fils de Louis-Abraham (Amsterdam, v. 1656 — Nice 1712), il rejoignit son frère aîné, Jean-Baptiste, à Turin en 1712, puis alla à Rome, où il fut l'élève de Benedetto Luti. Rentré à Paris en 1719, il peignit ses premières compositions religieuses (la Présentation au Temple, 1725, Lyon, église Saint-Jean) et remporta en 1724 le premier prix, qui lui ouvrit les portes de l'Académie de France à Rome. Il y partit en 1727, en même temps que Boucher, et y resta jusqu'en 1732 : Apothéose de saint Isidore (1729, Rome, église Saint-Isidore ; esquisse à la Kunsthalle de Hambourg ; Énée et Anchise, 1729, Louvre). Entre 1732 et 1734, il est à Turin, où il travaille pour le roi de Sardaigne — 11 sujets de la Jérusalem délivrée, du Tasse (1733, Turin, Palazzo Reale), Repos de Diane (1733, plafond du château de Stupinigi ; esquisse à l'Ermitage) — et pour des établissements religieux : Cène et Multiplication des pains (1783, Turin, église S. Croce ; esquisses au musée d'Arras).

Rentré à Paris en 1734, il est reçu académicien en 1735 avec Apollon faisant écorcher Marsyas (Paris, E. N. B. A.) et connaît ensuite une brillante carrière officielle ; adjoint à professeur en 1736, professeur en 1737, adjoint à recteur en 1752, recteur en 1754, il est nommé premier peintre du roi en 1762 et directeur de l'Académie en 1763, postes qu'il occupera jusqu'à sa mort. En 1749, il reçoit le titre de gouverneur de l'École des élèves protégés et a un rôle pédagogique important auprès de ses élèves, parmi lesquels on peut citer Fragonard et le peintre d'histoire Nicolas-Guy Brenet formé également dans l'atelier de Boucher.

Van Loo, dont Grimm disait qu'il était le " premier peintre de l'Europe ", est, aux côtés de J.-F. de Troy et de Natoire, un des meilleurs représentants du " grand style ". Il travailla soit pour le roi : Chasse à l'ours, Chasse à l'autruche (1736, musée d'Amiens), Halte de chasse (1737, Louvre), 3 Allégories des Arts (1745, Paris, B. N., cabinet des Médailles), Auguste fermant les portes du temple de Janus (1765, terminé par Louis-Michel, musée d'Amiens), soit pour la manufacture des Gobelins : Thésée vainqueur du taureau (1746, musée de Nice ; autre version au musée de Besançon), Neptune et Amymone (1757, Louvre), soit pour des particuliers : Mercure bûcheron, Jupiter et Junon, Mars et Vénus, Toilette de Vénus, Castor et Pollux (1737, Paris, hôtel de Soubise, auj. Archives nationales), et surtout pour des églises : Lavement des pieds (1742, musée du Mans), 4 tableaux de la Vie de la Vierge (1746-1751, Paris, Saint-Sulpice), 6 tableaux de la Vie de saint Augustin et Vœu de Louis XIII (1748-1753, Paris, Notre-Dame-des-Victoires), Nativité (1751, musée de Brest ; esquisse au musée d'Amiens), Sainte Clotilde au tombeau de saint Martin (1752, musée de Brest ; esquisse au musée d'Angers), Saint Charles Borromée (1753, Paris, Saint-Merri), la Résurrection (1755, cathédrale de Besançon). Il peignit aussi plusieurs scènes de genre et fut l'un des premiers à représenter dans ses toiles des costumes de fantaisie, turcs ou espagnols : le Pacha faisant peindre sa maîtresse (1737, Londres, Wallace Coll.), Une sultane prenant le café, Une sultane travaillant à une tapisserie (1755, Paris, musée des Arts décoratifs), la Conversation espagnole (1755), la Lecture espagnole (1761, Ermitage).

Professeur estimé de ses élèves (Doyen, Lépicié, Lagrenée l'Aîné) et rival de Boucher, qui ne sera nommé premier peintre qu'après sa mort (en 1765), Carle Van Loo est l'un des plus doués des peintres d'histoire du xviiie s.

Victime de la réaction davidienne et contesté de son vivant même (Vien présentera en effet sa Marchande d'Amours en 1763), Carle Van Loo n'en reste pas moins un artiste habile, aux compositions plaisantes et décoratives, dont les grandes machines, trop longtemps ignorées, sont une des gloires du Rococo français.

Une exposition a été consacrée à Carle Van Loo en 1977 (musées de Nice, Clermont-Ferrand et Nancy).