Léon Spilliaert

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre belge (Ostende 1881  – Bruxelles 1946).

Fils d'un parfumeur hollandais, autodidacte, après un court passage à l'Académie de Bruges, il commence à peindre en 1900 et pratique presque exclusivement, tout au long de sa carrière, l'aquarelle, l'encre de Chine, la gouache, le pastel et les crayons de couleur. Ses débuts révèlent déjà un symbolisme poétique et aigu très personnel (Contemplation, v. 1900, Bruxelles, bibl. Albert-Ier). En 1903-1904, il travaille pour l'éditeur Edmond Deman et fréquente le milieu littéraire du symbolisme belge, Hellens, Verhaeren, Maeterlinck, qui l'inspirera souvent. Il s'installe sur les quais d'Ostende dans un atelier que Permeke occupera plus tard. Il fait en 1904 un premier séjour à Paris, où il reviendra régulièrement l'hiver, et expose au Salon des indépendants en 1909, en 1911 et en 1913. Personnalité complexe, son art se situe au confluent de plusieurs tendances contemporaines. Certaines de ses œuvres, respectueuses des deux dimensions et marquées par le japonisme, se rapprochent de celles des Nabis par leur attention malicieuse aux scènes de la vie quotidienne, bien que leur facture soit plus nerveuse et sèche (le Coup de vent, 1908 ; Baigneuse, 1910, Bruxelles, M. R. B. A.). Ses mises en page, saisissantes, et son goût pour l'insolite ont pu faire considérer l'artiste comme un précurseur du Surréalisme (le Vertige, 1908, musée d'Ostende ; Galerie royale à Ostende, 1908, Bruxelles, M. R. B. A. ; Digue et kursaal d'Ostende, 1908) ; certains thèmes repris de la tradition réaliste débouchent sur un expressionnisme parfois voisin de celui de Munch (la Buveuse d'absinthe, 1907 ; Clair de lune et lumière, v. 1909, Paris, Orsay), et quelques-unes des figures synthétiques annoncent par ailleurs celles de Permeke (les Fiancés, v. 1907).

Spilliaert réside à Bruxelles de 1917 à 1921, où il se fixera en 1935 ; il reste en contact avec Paris, où il s'est fait une clientèle, il y est en relation avec Paul Guillaume, G. Coquiot, Zborowski. Après la guerre, le port d'Ostende continue à l'inspirer (nombreuses Marines au pastel, à la gouache ; Baigneuses) sans préjudice des sujets les plus divers, traités avec la même verve expressive et synthétique. En 1937, Spilliaert découvrit la région des Fagnes (Ardennes), où il exécuta des études d'arbres dont le dessin précis et l'atmosphère rappellent le réalisme magique (le Coupe-feu, 1944, musée d'Ostende ; Troncs de hêtres, 1945, aquarelle et encre de Chine, Bruxelles, M. R. B. A.). Il est représenté dans les musées belges, à Ostende et à Bruxelles. Une importante exposition consacrée à Spilliaert a été organisée à Paris (Grand Palais) et Bruxelles (Musées royaux) en 1981-82 et une exposition a été présentée (Ostende, M. B. A.) en 1996.