Andrea Solario
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre italien (Milan v. 1470-1475 – Milan ou Pavie 1524).
Il appartenait à une famille nombreuse et connue d'artistes et d'artisans milanais, active en Lombardie, mais aussi à Venise et à Rome. Très jeune, il dut aller travailler à Venise avec son frère aîné, le sculpteur Cristoforo, dit il Gobbo. Là, en effet, il peint en 1495 la Vierge à l'Enfant avec deux saints pour l'église S. Pietro à Murano (auj. à la Brera). Présentée selon la manière d'Antonello de Messine, cette œuvre est relevée de rappels précoces de Dürer, présents encore dans la Vierge aux œillets (id.), qui la suit. À la charnière des deux siècles se situe une série étonnante de portraits, dont ceux du Gentilhomme (Boston, M. F. A.), du Gentilhomme à l'œillet (Londres, N. G.), du Portrait d'homme à la balustrade (1500, Milan, Brera) et de Cristoforo Longoni (1505, id.), où le souvenir de Dürer se mêle à des influences léonardesques et ombro-ferraraises, et l'art aboutit à des résultats assez proches de ceux de la jeunesse de Lotto. C'est encore le goût des Ombriens, des Ferrarais et des Crémonais qui prévaut parmi les influences éclectiques caractérisant la Crucifixion (1503, Louvre), tandis qu'une adhésion franche, mais personnelle, aux modes de Vinci confère à l'Annonciation (1506, id.) une limpidité vaporeuse d'une finesse presque flamande, mais filtrée par Venise. L'adhésion de l'artiste au climat léonardesque de Milan coïncide avec son voyage en France en 1507. Les fresques du château de Gaillon sont perdues, mais de ce séjour en France restent, au Louvre, Vierge au coussin vert, don du cardinal d'Amboise aux Cordeliers de Blois, la Pietà, peinte pour le même mécène, et la tête de Saint Jean-Baptiste (1507), début d'une des " séries " les plus réussies de Solario avec des œuvres comme l'Ecce homo, le Christ portant sa croix, Salomé présentant la tête de saint Jean-Baptiste, de goût typiquement nordique et connues par de nombreux originaux, répliques et copies. Selon une hypothèse récente et d'un intérêt certain, Solario pourrait avoir eu une influence sur les premiers portraits de Jean Clouet. Il est indiscutable qu'après son retour de France, vers 1510, se note un affaiblissement de qualité dans les grandes compositions sacrées, témoignant peut-être d'une connaissance de la peinture romaine, telles que la Pietà (Washington, N. G.) ou la tardive Assomption, laissée inachevée, de la chartreuse de Pavie ; par contre, les portraits restent d'un niveau très élevé, de la raphaélesque Dame au luth (Rome, G. N., Gal. Barberini) au Chancelier Morone (1524, Milan, coll. part.), où Andrea Solario rivalise avec Holbein.