David Alfaro Siqueiros
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre mexicain (Santa Rosalia de Camargo, État de Chihuahua, 1896 – Cuernavaca 1974).
Élève de l'Académie San Carlos à Mexico, il s'engage en 1914 dans l'armée de la Révolution, où il passe quatre ans. En 1919, il part pour l'Europe et rencontre Rivera à Paris. Deux ans plus tard, il est à Barcelone, où il publie (dans Vida americana, qui ne vécut que cet unique numéro) " le Manifeste pour un art révolutionnaire mexicain ". En septembre 1922, il revient au Mexique et, l'année suivante, il fonde avec Rivera El Machete, publication destinée à propager ses conceptions artistiques autant que politiques, qu'il défendit toujours avec intransigeance. Sa participation au décor de l'École nationale préparatoire (l'Enterrement d'un ouvrier, 1924) le montre à ses débuts en possession d'un métier sombre, tranchant, et dont l'efficacité rappelle certaines œuvres contemporaines du Flamand Permeke. Ses tableaux de chevalet témoignent alors des mêmes qualités et trahissent la même origine — le Cubisme stylisateur et expressif de l'après-guerre (Mère paysanne, 1929, Mexico, Museo de San Carlos). Exilé de 1932 à 1934, Siqueiros travaille à Los Angeles (l'Amérique tropicale, peinture murale pour le Plaza Art Center), puis en Uruguay et en Argentine. Il expérimente alors la " pyroxiline ", procédé permettant d'extraordinaires effets de matière en très haut relief et qu'il utilisa souvent à des fins de virtuosité (Explosion dans la ville, 1935).
Après avoir ouvert un atelier expérimental à New York (1935), il se rallie en 1936 aux républicains espagnols et exécute à son retour au Mexique le Portrait de la bourgeoisie (1939) pour la Maison du syndicat des électriciens à Mexico. Dans cette composition vengeresse, un réalisme peu ou aucunement transposé règne en maître. Ce parti (que l'on retrouve à la même époque, avec des nuances, chez Rivera et Orozco) devait s'affirmer dans les tableaux et les peintures murales ultérieurs : la Nouvelle Démocratie (1945, Mexico, palais des Beaux-Arts), Notre image actuelle (1947, Mexico, Museo de San Carlos), Du porfirisme à la Révolution (1959-1966, Musée national, parc de Chaultepec). En revanche, quelques études de paysage ont tiré des propriétés de la pyroxiline une poétique de la matière plus abstraite et donc, picturalement, plus vivante. En janvier 1972 a été inauguré à Mexico le " Polyforum culturel ", vaste complexe réunissant salles de fêtes, d'expositions, de théâtre, de concerts, décoré par Siqueiros et ses assistants — et dernier avatar du " muralisme mexicain ". L'artiste est aussi représenté au M. O. M. A. de New York (Echo of a Scream, 1937).