Rudolf Schlichter
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre allemand (Calw 1890 – Munich 1955).
Après avoir suivi les cours de l'école des Arts et Métiers à Stuttgart de 1907 à 1910, Schlichter étudie à l'Académie des beaux-arts de Karlsruhe auprès de Thomas et Trübner jusqu'en 1916. Au retour de la guerre, il regagne Karlsruhe et participe à la fondation du Rih Gruppe. En 1919, son installation à Berlin lui donne l'occasion d'exposer à plusieurs reprises avec le Novembergruppe. Le mouvement Dada le compte parmi ses artistes. Les " mannequinades " (Atelier sur le toit, v. 1920, aquarelle ; Hausvogteiplatz, aquarelle) réalisées à cette époque révèlent l'influence de la peinture métaphysique de De Chirico et de Carra. En 1924, Schlichter crée le Roten Gruppe avec Heartfield et Grosz et collabore à plusieurs journaux satiriques (Der Gegner, Der Knüppel, Die rote Fahne), où il donne de l'ancienne capitale prussienne une vision ironique et satirique. Mais ce sont surtout ses qualités de portraitiste qui lui permettent de s'imposer sur la scène artistique : il est alors très lié à Bertolt Brecht, Alfred Döblin, Oskar Maria Graf, Erich Kästner et Egon Erwin Kisch (Portrait de Margot, 1924, Berlin, Märkisches Museum ; Portrait de B. Brecht, Munich, Städische Galerie im Lenbachhaus ; Portrait d'E. Erwin Kisch, v. 1928, Mannheim, Städtische Kunsthalle). En 1925, l'exposition de la Nouvelle Objectivité organisée par la Kunsthalle de Mannheim évoque ses recherches. En 1928, Schlichter fait partie de l'A. S. S. O., association des artistes révolutionnaires. Quittant Berlin en 1932 pour Rottenburg, il se rend ensuite à Stuttgart (1935) puis à Munich (1939), se rapprochant des milieux catholiques conservateurs proches d'Ernst Jünger. En 1937, dix-sept de ses œuvres sont confisquées par les nazis (notamment Puissance aveugle, 1937, Berlin, Berlinische Galerie), d'autres sont présentées dans l'exposition consacrée à l'Art dégénéré. " Ce génie vériste a cherché avec Dix, Grosz et Scholz à mettre au jour le chaos, le vrai visage de son époque " (C. Einstein, 1920).