Christian Schad

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (Miesbach 1894  – Keilberg 1982).

En 1913, Schad se forme à l'école des Beaux-Arts de Munich. Prenant le chemin de l'exil en 1915 pour échapper à la guerre, il s'établit à Zurich et collabore aux revues d'avant-garde die Weissen Blätter et die Aktion. Walter Serner le rencontre au moment de la création de sa revue Sirius. Ses dessins et ses peintures sont alors largement influencés par l'Expressionnisme et le Cubisme. À cette date, Schad est en relation avec Hans Arp, Hugo Ball et Emmy Hennings. Se rendant à Genève en 1916, il expose au salon Neri et organise avec Serner le bal Dada. En 1918, une technique proche des " Rayographs " de Man Ray qui consiste à saisir l'empreinte des objets réels sur du papier sensible lui permet de réaliser ses premières " photographies sans caméra " : ces œuvres sont, avec les reliefs colorés, sa principale contribution au mouvement Dada. Tzara les baptise " Schadographies ", du nom de leur auteur, en 1920 dans Dadaphone. De retour à Munich en 1920, Schad prend conscience qu'un bouleversement général des valeurs est en train de s'opérer. C'est alors le séjour en Italie, le retour aux vieux maîtres, la leçon de la Renaissance et le long cheminement vers une figuration objective. En 1920, partant pour Rome, il rencontre Prampolini et Evola puis gagne Naples, où apparaissent ses premiers tableaux réalistes (Maria et Annunziata du port, 1923, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza). Les peintures exécutées entre 1925 et 1930, surprenantes par l'effet de distanciation des modèles, constituent le sommet de son œuvre. À Vienne (1925) et à Berlin (1928), il donne de la société contemporaine une galerie de portraits unique en son genre (Autoportrait, 1927, coll. part. ; Portrait du comte Saint-Genois d'Anneaucourt, 1927 ; Sonia, 1928 ; Agosta, l'homme ailé, et Rasha, la colombe noire, 1929 ; Opération, 1929, Munich, Städtische Galerie im Lenbachhaus). Il est considéré comme l'un des principaux représentants de la Nouvelle Objectivité, et la galerie Wurthle lui consacre à Vienne en 1927 sa première grande exposition personnelle : à cette occasion, Max Osborn publie une importante monographie. En 1933, cherchant à faire oublier aux nazis son passé de dadaïste, il se retire à Keilberg pour peindre des paysages. En 1942, la ville d'Aschaffenburg lui commande une copie de la Vierge de Stuppach de Grünewald. Schad semble néanmoins avoir donné le meilleur de lui-même avant la Seconde Guerre mondiale, comme si son art, aussi attentif à traduire les sentiments de son époque, ne pouvait que finir avec elle.