Mimmo Rotella

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Catanzaro, Calabre, 1918-Milan 2006).

Ses débuts à Rome sont liés à des expériences abstraites. Après un séjour à l'université de Kansas City (1951), Rotella partage actuellement son activité entre Rome et Paris. Si ses rapports avec le Nouveau Réalisme parisien ne remontent qu'à 1960, il compose ses premières " affiches lacérées " dès 1953, où il reprend la technique du collage dans le cadre de nouvelles recherches de matière, qui sont directement issues de la peinture " informelle ". L'adaptation de matériaux tirés directement du " paysage urbain ", telles les " affiches déchirées " qui recouvrent les murs, renoue en fait avec la " poétique du mur " et la valorisation d'éléments bruts et incongrus, qui fut un des aspects de l'art informel. Cependant, à partir de 1958, Rotella valorise de plus en plus les détails figuratifs empruntés aux affiches de cinéma et aux publicités, limitant progressivement l'intervention de l'artiste sur la matière. Plus proche de la réalité iconographique de l'image contemporaine, cette tendance est bien marquée dans les affiches de cinéma (Europa di Notte, 1961, Vienne, Museum Moderner Kunst ; La Dolce Vita ; Cinémascope, 1962, Cologne, Museum Ludwig) présentées en 1962 à Paris, galerie J. à l'exposition Cinecittà. À partir de 1960, Rotella commence à participer aux manifestations des Nouveaux Réalistes et réalise, en 1961, des assemblages d'objets divers (Tapezzeria Romana, en passementerie), ainsi que la " rotellisation " de ceux-ci (Petit Monument à Rotella, bidon d'huile de graissage, 1961). L'intérêt de Rotella pour l'image se fixe en 1963 avec l'utilisation de moyens mécaniques (mec-art) de reports d'images photographiques sur toile émulsionnée. Rotella reporte ainsi certains décollages, puis des images tirées de journaux ou de magazines à thèmes d'actualité ou publicitaires ; il expose en 1964 des photos du Concile (Vatican IV), en 1966, des voitures de course (l'Automobile et reportages), des portraits de César, Restany, Fontana, etc., en 1969 (Ritratti). En 1965, l'artiste crée des Artypos, marouflages sur toile de " macules ", feuilles utilisées pour le réglage des machines d'imprimerie et surchargées d'images et de couleurs superposées. La publication, en 1972, d'Autorotella, autobiographie à thème érotique, préfigure les œuvres en report photos à base de nus féminins semi-habillés que l'artiste présente en 1973 (Erotellique). En 1981, Rotella expose une nouvelle série, les " Blanks ", affiches recouvertes d'un papier monochrome généralement blanc ou bleu. En 1984, il revient à l'usage de la peinture avec des acryliques sur toile d'après des affiches de cinéma, puis, en 1986, des peintures sur des affiches de cinéma et, en 1987, des peintures exécutées sur des fonds de toiles recouverts d'affiches lacérées au préalable (Biopsia, 1987). Des expositions rétrospectives ont été consacrées à l'artiste en 1975 à Milan (Rotonda della Besana) et en 1978 à Portofino (G. A. M.) Son œuvre est représentée dans de nombreux musées en France (Paris, M. N. A. M., Marseille ; musée Cantini, Nîmes) et à l'étranger : Amsterdam, Stedelijk Museum ; Cologne, musée Ludwig ; Krefeld ; Milan ; Rome, Vienne.