Eduardo Rosales

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre espagnol (Madrid 1836  – id. 1873).

Rosales domine, avec Fortuny et un style très différent, le milieu du xixe siècle et, comme lui, il mourut prématurément. Fils de fonctionnaire, il fut élevé aux Escuelas Pias de Madrid et entra en 1851 à l'Académie des Beaux-Arts de San Fernando où il reçut l'enseignement de Federico Madrazo. Avec le peintre Vicente Palmaroli (1834-1896), il se rendit dans le sud de la France et en Italie du Nord en 1857 (Bordeaux, Marseille, Nîmes, Gênes, Florence, comme l'attestent les impressions de son journal de voyage). Déjà atteint de la phtisie qui allait l'emporter, il rentre en Espagne puis, vers 1860 obtient une bourse pour un nouveau séjour en Italie (Sienne, Rome notamment). Tobie et l'ange (Casón) montre l'influence qu'exercent alors sur lui les Nazaréens. Il partage ensuite sa vie entre Madrid, les Pyrénées ou la région de Murcie où il se soigne et Rome. En 1873, la Première République lui proposa la direction du musée du Prado, mais il préféra prendre en charge l'Académie espagnole de Rome. Il mourut avant d'entrer en fonction.

Son talent a d'abord été reconnu à travers ses tableaux historiques, le Testament d'Isabelle la Catholique (1864, Casón) — inspiré de la Fille du Tintoret de Cogniet. Présentation de Don Juan d'Autriche à Charles V (1869, Casón) ou la Mort de Lucrèce, (1871, Caśon). Si leurs compositions peuvent s'inspirer d'œuvres françaises du xixe siècle, la vigueur du traitement, la subtilité des tonalités et l'ampleur du rythme montrent l'influence de Velázquez.

On lui doit aussi d'intéressants portraits où il sait allier jeu chromatique et recherche d'expression (le Violoniste Pinelli, Caśon ; la Comtesse de Santoverina (Casón), des paysages et le nu de la Jeune Romaine (Casón) qui traduisent la vigueur et la liberté de son trait. Sa mort prématurée a privé l'Espagne d'un de ses plus grands talents.