Paul Rebeyrolle

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Eymoutiers, Haute-Vienne, 1926-Boudreville, Côte-d'Or, 2005).

Il vint à Paris en 1944 et travailla à l'Académie de la Grande Chaumière. Participant au groupe de l'Homme témoin (1948), adepte d'un Réalisme expressionniste, il fut d'abord influencé par Picasso. Vers 1955, à la faveur de thèmes d'inspiration rustique (l'étable, l'enfant et l'agneau), il acquit un style plus souple, des parcours graphiques assez incisifs équilibrant les taches d'une couleur fluide et claire, à dominante rose et bleue : la suite des Fumeurs (1957) ainsi que celle des Couples (1961-1963) et des Paysages (1964), où la suggestion poétique enrobe l'anecdote initiale, représentent un des termes de cette évolution. Rebeyrolle intégra ensuite dans des œuvres plus complexes des éléments empruntés aux techniques non figuratives afin de créer une synthèse nouvelle et qui va, au fil de son évolution, se préciser toujours plus " engagée " politiquement : la continuité plastique est dès lors obtenue grâce à une association très libre de matériaux divers (les Instruments, 1965, appartenant à l'artiste ; Sac de poudre bleue, 1967, Paris, gal. Maeght ; les Guérilleros, exposés à la gal. Maeght en 1970, œuvre exécutée après un voyage à Cuba). Les 11 grandes toiles consacrées aux Chiens (1972, exposées en 1973 à la gal. Maeght à Paris) rendent plus explicite un retour au réalisme de ses débuts, mais amplifié par une réflexion sur le destin de la créature vivante, dont le chien prisonnier, torturé devient le symbole. La vérité des attitudes ainsi que celle de la cage, matérialisée par le grillage et les montants de bois, obstacles à l'espace libre et vaste nettement suggéré, concourent à la justesse péremptoire de l'exécution mais parfois aussi à sa grandiloquence. Rebeyrolle renchérira l'aspect politique de sa peinture par une série intitulée Faillite de la science bourgeoise, qui a notamment été exposée au Grand Palais, à Paris, en 1979. La suite de l'œuvre (séries sur le Sac de Mme Tellikdjian, 1983, sur On dit qu'ils ont la rage, 1984-85, sur Au royaume des aveugles), exposée en particulier à l'E. N. S. B. A. de Paris en 1988, derrière le brio de l'exécution, joue sur l'effet et témoigne d'une inspiration plus facile. Rebeyrolle est notamment représenté au M. N. A. de Paris (Sac de poudre bleue I, 1966). Un " espace Rebeyrolle " a été inauguré dans la ville natale de l'artiste en 1995.