Manolo Millarès

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre espagnol (Las Palmas, Canaries, 1926  – Madrid 1972).

Après des débuts classiques dans la peinture, il connaît v. 1948-49 une brève période surréaliste, où se révèle, comme chez beaucoup de jeunes peintres espagnols d'alors, l'influence de Miró puis de Klee. Aborigen n° 1 (1950) annonce déjà, cependant, les Pictografias Canarias, qui vont suivre et prendre une tournure plus informelle, où la matière assez dense tient une place importante. Millarès s'emploie activement aux Canaries à défendre l'art moderne, comme fondateur ou collaborateur de revues d'avant-garde. Il a réalisé en 1948 une exposition d'œuvres surréalistes au musée Canario de Las Palmas. En 1953, il participe au Xe Salon de las Once à Madrid et s'établit en 1955 dans cette ville, où il devient cofondateur du groupe El Paso en 1957. Il introduit de plus en plus dans sa peinture des matériaux nouveaux, utilisant souvent des serpillières en guise de toile, pour aboutir v. 1958-59 à un style qui lui est propre : la toile, déchirée, lacérée, écartelée par des ficelles, rapiécée, offre l'aspect sanglant, avec ses éclaboussures rouges, noires, blanches, d'un être martyrisé (Peinture 174, 1962, Madrid, M. A. M.). Plusieurs de ces toiles portent le titre d'Homoncule. Elles évoquent aussi le choc que reçut le jeune peintre en découvrant les momies de son pays, enveloppées de leurs étoffes grossières et maculées. C'est une peinture d'une violence pathétique, mais jamais gratuite, qui a préfiguré nombre de recherches plus récentes et qui rejoint dans son intensité baroque les fureurs d'un Goya (El inquisitor, 1968). Millarès a participé à de nombreuses expositions collectives (biennales et salons) en Espagne, en France et à l'étranger. En France, sa première exposition particulière a lieu en 1961 (Paris, gal. Daniel Cordier) ; il expose à New York en 1960 (gal. Pierre Matisse) et avec le groupe El Paso à Rome en 1960 (gal. l'Attico). Ses œuvres figurent notamment dans les musées de Madrid, de Paris (M. N. A. M. : Peinture, 1961), de New York (M. O. M. A.), de La Haye (Gemeentemuseum), de Barcelone, de Cuenca de Bilbao, de Valence (I. V. A. M.) et dans de nombreuses coll. part.