Mario Merz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (Milan 1925- Turin 2003).

En 1945, Mario Merz est incarcéré pour ses activités politiques. Après la guerre, lié au milieu intellectuel turinois, il exécute des peintures d'une grande densité, à sujet souvent réaliste — Arbre, 1953 ; Soudeur, 1956 —, et expose pour la première fois en 1954 (Turin, gal. La Bussola). Rompant avec le tableau-plan, il réalise en 1965-66 une série de tableaux projetés, créant des œuvres volumétriques en toile ou en paille tressée, traversées par des barres de néon. Ce matériau, qui restera une constante dans son œuvre, est utilisé en 1967 en association avec divers objets : Bouteille, Parapluie, Imperméable, traversés par la lumière, qui, en générant un courant d'énergie, détruit l'idée d'objet pour créer une " situation ". En 1968, Merz présente ses premiers igloos, " formes organiques par excellence ", structures fondamentales et permanentes dans son œuvre future, qui permettent l'abandon du plan, la mise en œuvre, dans le cadre de la sphère posée au sol, d'un espace absolu en lui-même, autonome, recouvert de matériaux informes : glaise, sacs de terre (Igloo de Giap, 1968, Paris, M. N. A. M.), verre, pierre, assemblés autour de structures métalliques plus ou moins visibles. À partir de ce moment, il participe à toutes les expositions du groupe de l'Arte povera : Bologne, gal. De' Foscherari, Amalfi, Arsenal, etc. Parallèlement, il expose (1969, gal. l'Attico, Rome) une série d'objets, de situations mêlant éléments naturels (foin, fagots, cire) et éléments industriels : structures tubulaires, néons. En 1971, l'idée de prolifération trouve dans la suite de Fibonacci l'une de ses réalisations formelles : cette suite numérique, dont chaque terme est égal à la somme des deux termes précédents, génère le passage d'un espace mesuré et clos à un espace organique et prend la forme d'une série de chiffres en néon disposée dans l'espace, seule ou en liaison avec des objets divers comme des accumulations de journaux (le Retour des journaux, le jour d'après, quand plus personne n'est intéressé à les lire, 1970-1976, Lyon, musée d'art contemporain) ou une motocyclette (Accélération = songe, nombres de Fibonacci au néon et motocyclette-fantôme, 1972, Documenta V, Kassel). Le thème de la prolifération se matérialise également dans le motif de la table, forme géométrique carrée ou traitée en spirale, souvent en verre, liée à des installations dans l'espace composées avec d'autres matériaux : fagots, pierre brute (exposition Turin, gal. Sperone, 1976), fruits (Pescara, gal. Mario Pieroni, 1976). Vers 1975, l'élément pictural reprend une place importante dans le travail de Merz : de grandes peintures de couleurs vives sur des toiles sans châssis, représentant des éléments de la nature : animaux sauvages (Rhinocéros, 1979 ; Tigre, 1981), plantes, parties du corps humain, souvent présentés dans des installations comprenant les éléments du vocabulaire de son œuvre : igloos, fagots, tables. D'importantes expositions de l'œuvre de l'artiste ont eu lieu à San Marino (1983), au Kunsthaus de Zurich (1985), au musée d'Art contemporain de Bordeaux (1987). Son œuvre est représentée dans plusieurs musées français : Épinal, musée (Truciolo, 1967), Saint-Étienne, M. A. M., Paris, M. N. A. M., ainsi qu'à l'étranger : Eindhoven, New York (M. O. M. A), Rivoli.