Meister des Paradiesgärtleins Maître du Jardinet du Paradis

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (actif dans le Rhin supérieur au cours des deux premières décennies du xve s. ).

Ce maître est ainsi désigné d'après le Paradiesgärtlein (Jardinet du Paradis), tableau de très petit format conservé au Städelsches Kunstinstitut de Francfort. Dans un jardin clos, la Vierge est assise et lit, entourée de trois saintes ; à gauche de la composition, sainte Dorothée cueille des cerises ; sainte Barbe (ou sainte Marthe ?) puise de l'eau dans une fontaine et sainte Cécile ( ?) tient un psaltérion dont joue l'Enfant Jésus installé aux pieds de la Vierge. À droite, saint Georges — identifiable par le minuscule dragon renversé sur le dos à ses pieds — converse avec l'archange saint Michel ; saint Sébastien (ou saint Bavon ?), debout contre un arbre, les écoute. Le jardin clos, thème cher à la mystique rhénane, symbolise le Paradis et la pureté de Marie : les fleurs — on en a dénombré plus de 18 espèces — et les fruits sont un reflet de sa beauté virginale. Tout en se rattachant au symbolisme religieux, cette scène, où de saints personnages sont placés dans un décor et une situation rappelant les jardins d'amour alors en vogue auprès de la noblesse, est également issue de la poésie courtoise. L'interpénétration du religieux et du profane, la préciosité qui émane de l'idyllique Jardinet du Paradis, où évoluent de délicates figures traitées avec raffinement, font de ce panneau une des œuvres les plus attachantes du Gothique international.

La Madone aux fraisiers (musée de Soleure) est probablement de la main du Maître du Jardinet du Paradis. A. Stange lui attribue en outre la petite Annonciation de la coll. Reinhart, à Winterthur. L'auteur du Retable de Stanfen a vraisemblablement été formé dans l'atelier du Maître du Jardinet du Paradis.