Maître de Sant'Agata

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre italien (actif à Crémone v. la fin du xiiie s. ).

Il doit son nom à la peinture qu'il exécuta à l'église Sant'Agata de Crémone et qui reste jusqu'à présent l'unique témoignage connu de son activité. Cette œuvre est un panneau à 2 faces, qui porte : au recto, la Madone à l'Enfant avec, dans sa partie supérieure, la Pentecôte ; au verso, quelques Scènes de la vie de sainte Agathe. L'artiste s'insère d'une manière fort originale dans la culture figurative de l'Italie septentrionale de la seconde moitié du xiiie s. En faisant abstraction du langage de base, d'origine byzantine, il faut rechercher ses prédécesseurs régionaux dans le courant des miniaturistes padouans gothicisants, qui aboutit à l'Épistolier de Giovanni da Gaibana (1259, Padoue, bibl. capitulaire), et dans la tradition des peintures lombardes, comme les fresques exécutées plus tard à Saint-Vincent de Galliano (v. 1270-1280). La connaissance des fresques de Cimabue à Assise est certainement venue compléter ces expériences. Le résultat ainsi obtenu est l'un des plus remarquables, mais aussi l'un des plus déconcertants de la peinture italienne du xiiie s. Le peintre semble mû par un désir irrépressible de rompre avec tout formalisme. Dans les Scènes de la vie de sainte Agathe, il donne à la narration un ton de pathétique populaire, accentue et dénature jusqu'au grotesque la physionomie et les gestes. Pourtant, les personnages ainsi déformés acquièrent une plus grande réalité. La couleur, avec ses tons subtils, étendue presque à plein empâtement, met encore plus en évidence la totale liberté formelle du Maître.