Maître de Heiligenkreuz

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

(actif en Autriche [ ? ] dans la première moitié du xve s. ).

Ce peintre de tout premier plan, l'un des plus caractéristiques du Gothique international, doit son appellation à un diptyque (v. 1410) provenant du monastère cistercien de Heiligenkreuz, près de Vienne, représentant l'Annonciation et le Mariage mystique de sainte Catherine. Les scènes sont cernées d'une délicate architecture imitant un parapet derrière lequel sont représentés, en demi-figures, à gauche les Apôtres Paul et Jacques, à droite Sainte Barbe et sainte Dorothée, avec, au revers, la Vierge et l'Enfant et sainte Dorothée (Vienne, K. M.). L'origine du peintre et celle du diptyque sont vivement discutées. Selon certains érudits français, cette œuvre serait de provenance autrichienne ; la recherche autrichienne, par contre, croit à une origine française. E. Buchner dit ce maître influencé par l'art de cour viennois ; B. Kurth le situe dans l'école de Paris (André de Paris ? mentionné par des documents à Vienne de 1411 à 1434) ; G. Ring l'identifie avec le peintre des Grandes Heures de Rohan, tandis qu'une origine provençale est finalement envisagée par Larsen-Roman. L'allégation de L. von Baldass, selon laquelle ce petit retable aurait décoré primitivement le pourtour du chœur de l'église conventuelle de Heiligenkreuz, est dénuée de fondement, puisque cette peinture ne figure pas dans les biens du monastère avant le xixe s. Il est possible que le monastère l'ait alors acquise d'une collection privée, à moins qu'il ne l'ait reçue en don ou par voie d'héritage. Le fait que ce diptyque provient d'un couvent cistercien autrichien n'apporte donc aucun élément susceptible d'éclairer l'origine du peintre ou l'école à laquelle il se rattacherait. On reconnaît la main de ce maître dans 2 panneaux de diptyque conservés respectivement au musée de Cleveland et à la N. G. de Washington et représentant la Mort de la Vierge et la Mort de sainte Claire. Il est également probable que ces peintures n'étaient pas destinées primitivement au couvent des clarisses d'Eger, d'où elles proviennent, mais qu'elles figuraient simplement dans les collections de cet établissement.