Maître de Gerlamoos

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre allemand (actif en Carinthie de 1450 à 1495).

L'artiste doit son nom à l'une de ses œuvres majeures, le cycle de fresques de l'église Saint-Georges de Gerlamoos, qui date de 1475-1480. Des fresques disposées en 3 registres superposés, dont les 2 premiers (en partant du haut) sont en excellent état de conservation. Consacrées à la Légende de saint Georges et à la Vie du Christ, elles révèlent un narrateur plein de fraîcheur, habile à camper ses personnages avec originalité, mais faisant vraisemblablement moins appel à des compositions personnelles qu'à des modèles empruntés à l'enluminure, comme en témoigne le traitement minutieux des détails. On y relève non seulement maintes influences italiennes (Pisanello, Altichiero), mais aussi des caractères de l'école allemande (Herlin, Maître du Retable de Sterzing). Les fresques de l'église paroissiale de Thörl qui décorent les murs septentrionaux, l'arc triomphal et la voûte sont un peu plus anciennes (v. 1475) et méritent l'attention parce qu'elles constituent un rare exemple de décoration murale médiévale d'une parfaite unité.

On attribue ensuite à l'artiste les fresques de la cathédrale de Graz, qui datent de 1485 ; d'une facture plus évoluée que les travaux précédents, elles illustrent les calamités publiques. La fusion d'éléments propres au gothique et de formes italianisantes, qui caractérisera l'art de la Renaissance, est déjà sensible dans les figures d'un relief plus accusé, qui s'animent, gagnent en naturel et en individualité. La dernière œuvre monumentale du Maître de Gerlamoos est la fresque votive de l'abbé Simon Jöbstl qui orne la collégiale Saint-Paul de Lavantal. Les premiers exemples de sa peinture sur panneau sont fournis par les volets du retable de la Passion de l'église paroissiale de Saint-Léonard de Trefflingen (1454). On attribue aussi à l'artiste 8 panneaux représentant des figures de Saints debout (musée de Bolzano) et plusieurs autels dans diverses églises de Carinthie et de Styrie. Ses derniers travaux révèlent non seulement l'influence de Rogier Van der Weyden, mais aussi celle de la peinture italienne.

Représentant du style " doux " tardif en Carinthie, le Maître de Gerlamoos est, au cours de la seconde moitié du xve s., le peintre le plus significatif de la région. Sa tradition sera perpétuée par le Maître du Jugement dernier de Millstätt et par le Maître F.S.P.