Alfred Manessier

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Saint-Ouen, Somme, 1911  – Orléans 1993).

Il s'inscrit à l'École des beaux-arts d'Amiens et, en 1929, vient à Paris, où il entre dans la section " architecture " de l'École des beaux-arts. Au Louvre, où il copie les maîtres (Rembrandt, Tintoret, Delacroix), il fait la connaissance de Le Moal. Dès 1933, il expose au Salon des indépendants. Il rencontre Bissière à l'Académie Ranson (1935) et reçoit les conseils de ce dernier, autour duquel se groupent quelques élèves (Le Moal, Bertholle, le sculpteur Étienne-Martin). Il peint alors des compositions figuratives très colorées (Dieux marins, 1935 ; le Robot magicien, 1937). Il collabore au pavillon de l'Air et des Chemins de fer lors de l'Exposition universelle de Paris en 1937. Avec Le Moal, Bertholle, Stahly, Étienne-Martin, il participe à l'exposition Témoignage à la gal. Matières, ouverte par P. Breteau (1938), et débute l'année suivante au deuxième Salon des jeunes artistes.

En 1941, Manessier expose les Lunatiques à la gal. Braun, dans le cadre de l'exposition Vingt Peintres de tradition française, aux côtés notamment de Bazaine, Lapicque, Singier. En 1943, à l'occasion d'un séjour à la trappe de Soligny, il découvre la foi, qui marquera par la suite sa vie et son œuvre de peintre religieux, à laquelle il donnera une expression abstraite. Outre des vitraux pour l'église des Bréseux (Doubs), il exécute en 1949 un carton de tapisserie pour l'Oratoire des Dominicains du Saulchoir (auj. au Couvent des Dominicains de Lille) sur le thème du Christ à la colonne et expose des lithographies sur le thème de Pâques à la gal. Jeanne Bucher. Il réalise aussi des vitraux pour l'église de Tous-les-Saints à Bâle et celle de Saint-Pierre de Trinquetaille, en Arles (1952). Aux côtés de l'architecte Bauer, il travaille au vitrail de la chapelle de Hem (Nord) en 1957, pour laquelle il dessine aussi les ornements sacerdotaux. Il devient alors un des peintres français les plus qualifiés dans le domaine du vitrail, qui représente une grande part de son activité (vitraux de la cathédrale Saint-Nicolas à Fribourg, Suisse, en 1980-1981).

Dès 1943, sa peinture s'écarte délibérément de la Figuration ou ne demeure figurative que par un symbolisme religieux formellement repérable : croix, épines, cercles, dont le graphisme aigu se détache sur des fonds modulés par la lumière (la Couronne d'épines, 1950, Paris, M. N. A. M.). Les épais cernes noirs qui apparaissent bientôt se résorbent finalement dans un espace morcelé à la manière d'une mosaïque ou d'un vitrail. Le clair-obscur constamment associé à la couleur dans ses toiles est le reflet du combat spirituel de l'homme, et, dans les nombreuses évocations de paysages exécutées depuis 1960, les zones d'ombre sont investies à leurs lisières de toutes les séductions des demi-teintes.

Manessier a exposé en décembre 1971 au M. A. M. de la Ville de Paris une suite de 12 tapisseries sur le thème du Cantique spirituel de saint Jean de la Croix. Les années 1972-73 se signalent par de grandes aquarelles (Passion espagnole, suite, 1973). Pour la mère d'un condamné à mort (1975), Hommage à Dom Helder Camarra (1979) traduisent son intérêt pour ceux qui souffrent et luttent. Ses œuvres du début des années 80 sont inspirées par les paysages de la côte picarde (Marais et hortillonnage, lavis des Sables, 1981). Manessier a conçu de nouveau des vitraux (Abbeville, église du Saint-Sépulcre, 1993).

L'artiste est représenté dans les musées français (Paris, M. N. A. M. ; Dijon) et étrangers (Berlin, Brême, Hambourg, Bâle, Cologne, Düsseldorf, Essen) ainsi que dans des coll. part. Une rétrospective lui a été consacrée (Paris, Grand Palais) en 1992-1993.