Maître de la Vie de Marie
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre allemand (actif à Cologne de 1460 à 1490 env.).
Anonyme comme tous les peintres de Cologne (sauf Lochner), il fut le plus éminent et aussi le plus influent de la seconde moitié du xve s. et tire son nom d'un retable provenant de l'église Sainte-Ursule et conservé aujourd'hui à Munich (Alte Pin.) à l'exception d'un seul panneau (Présentation au Temple), qui se trouve à Londres (N. G.). Sur les 8 panneaux de ce retable, exécutés v. 1465 pour le Dr Johannes von Schwarz-Hirtz, patricien de Cologne, sont peintes des scènes de la Vie de Marie. Renonçant à suivre la tradition de Stephan Lochner, le maître, sous la vivifiante impulsion de l'art flamand, inaugure à Cologne la dernière phase de la peinture gothique tardive. Son influence sur des peintres tels que le Maître de la Passion de Lyversberg, le Maître de la Légende de saint Georges et le Maître de Saint Bruno est déterminante. Mais son rayonnement dépassera le cadre de la ville et gagnera les provinces limitrophes, où il se révélera déterminant pour de nombreux artistes. L'influence de 2 personnalités dominantes de l'art flamand, Rogier Van der Weyden et Dirk Bouts, est sensible dans toutes ses œuvres, ce qui permet de supposer qu'il se forma aux Pays-Bas. De Rogier, il a retenu la rigoureuse stylisation des plis cassés et des contours aux arêtes vives, le dessin des mains et l'élégance aristocratique des gestes. La Vierge de l'Annonciation s'inspire manifestement de celle du retable exécuté par Rogier v. 1460 pour l'église Sainte-Colombe de Cologne. Mais les affinités entre le Maître de la Vie de Marie et Bouts sont plus grandes encore. Plus bourgeoises, plus tendres et moins éprises de grandeur que chez Rogier, les Vierges peintes par le maître se rapprochent davantage des types que l'on rencontre chez Bouts, dont il partage le goût des figures aux membres graciles, rangées verticalement les unes à côté des autres. Comme lui, il répugne aux groupes compacts, à la profusion des gestes qui compromet la sérénité de la scène ; comme lui, surtout, il renonce à remplir l'espace environnant.
Avant le Retable de la Vie de la Vierge, le maître avait réalisé le triptyque de la Crucifixion exécuté v. 1460 pour l'hôpital Saint-Nicolas de Cues (en place). Il s'y efforce d'éviter tout mouvement vif dans la représentation des multiples personnages. Les silhouettes se détachent avec netteté en une double rangée ; et le paysage au-dessus de leur tête paraît sans lien avec le premier plan et ne semble pas servir de cadre à l'action.
Outre ces retables, on attribue au Maître de la Vie de Marie une série de triptyques et panneaux, dont quelques portraits (musée de Karlsruhe et Munich, Alte Pin.), les premiers de l'école de Cologne. Il semble aussi être l'auteur de quelques peintures murales et de vitraux ornant plusieurs églises de Cologne.
Tributaire des artistes flamands, le Maître de la Vie de Marie a apporté à Cologne, encore imprégnée par la forte présence de Lochner, les moyens de rompre avec la tradition vieillie du Gothique international, qu'il représentait, pour adopter un nouveau langage, moderne par la représentation plus réaliste qu'il permettait, mais conforme au goût colonais pour la stylisation, et capable d'exprimer une vision intellectuelle et lyrique du monde.