Urs Lüthi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Artiste suisse (Lucerne  1947).

Après des premiers tableaux presque abstraits, traitant d'une signalétique simple, puis la réalisation d'objets technoïdes liés entre eux ou aux tableaux par des câbles, la première expression des questions qui rempliront l'œuvre de Lüthi, l'autoreprésentation, l'ambivalence des sexes, se fait jour dans l'exposition Processus de pensée visualisée, qui a lieu à Lucerne en 1970, où il expose l'ensemble de sa garde-robe et ses bijoux. Pendant longtemps, l'œuvre, photographique, se fonde sur des séries d'autoportraits, le langage des corps, les gestes et les expressions du visage, avec la disparition progressive des vêtements. Des portraits travestis de 1972 aux séries en partie torse nu, grimé (Tell Me Who Stole Your Smile, 1974, coll. F. R. A. C. Pays de Loire), se retrouve le même intérêt pour les ambiguïtés des gestes et des caractères du visage. Le portrait s'inscrit par la suite, associé avec des objets banals (pots de fleurs : Just Another Story About Leaving, 1974) ou pris dans des environnements de la vie quotidienne (A Lesson of Taste, 1978). Ces autoportraits, souvent dénudés, sont combinés dans des triptyques ou des polyptyques à un personnage féminin, parfois nu, un paysage, un intérieur vide, ensemble empreint d'un érotisme latent (série They have lived in our neighborhood for many years and they are very friendly people, 1976). En 1980, Lüthi revient à la peinture en créant des personnages au trait sur fond neutre, reprenant souvent le thème du couple (My Fairy Tales, 1982), introduisant par la suite des structures géométriques, seules ou liées à des personnages transparents ou modelés (Mémoires d'Agadir, 1984). En 1984, Urs Lüthi décline différentes facettes d'autoportraits (Image pour bar italien) avant d'entreprendre en 1986 une série sur le paysage, principalement des vues de mer réfléchissant la lune (Vague Souvenir, 1986). Des expositions personnelles ont eu lieu régulièrement dans des galeries de Zurich et de Paris et des rétrospectives à Essen, musée Folkwang, en 1978 et à Saint-Étienne, Maison de la Culture, en 1986.