Jean Lurçat

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre et tapissier français (Bruyères, Vosges, 1892  – Saint-Paul-de-Vence 1966).

Après des études médicales, il étudie dans l'atelier de Victor Prouvé, maître des Arts décoratifs nancéiens. Puis il se rend à Paris, aux Beaux-Arts et à l'académie Colarossi. Il fonde alors la revue les Feuilles de mai, à laquelle collaborent Bourdelle, Élie Faure, Rilke, Ilya Ehrenbourg. Malgré quelques essais de tapisserie au canevas (le Cirque, 1922, pour Mme Cuttoli), il se consacre à la peinture entre 1919 et 1936, subissant l'influence de Matisse, du Cubisme et du Surréalisme. Après un séjour en Suisse avec Rilke, Hermann Hesse et Jeanne Bucher, son activité picturale reçoit une impulsion décisive d'une série de voyages dans les pays méditerranéens et en Afrique du Nord (1924 et 1929 ; le Spahi, 1925 ; Trois Personnages, 1927 ; Asie Mineure, 1933). Mais les préoccupations monumentales et décoratives de Lurçat le poussent à aborder la tapisserie et, dès 1933, il fait exécuter sa première tapisserie sur basse lisse (l'Orage, Paris, M. N. A. M.). La découverte, en 1937, de l'Apocalypse d'Angers catalyse cette passion et encourage Lurçat dans sa recherche originale, différente de la composition picturale. Ainsi, dans ses Forêts de 1937, la perspective disparaît tout à fait au profit de l'espace propre à la tapisserie. Installé en 1939 à Aubusson avec Gromaire et Dubreuil, Lurçat entreprend la réorganisation — qui bientôt devient une résurrection — du grand centre abandonné.

L'art des lissiers renaît en France sous son impulsion, et sa propre production se poursuit, très abondante, avec une vision ample et décorative, riche d'un arrière-plan poétique et philosophique, faite de lyrisme et de construction (les Quatre Saisons, 1940 ; la Terre, 1943 ; Apocalypse pour l'église d'Assy, 1947 ; le Chant du monde, ensemble de 500 mètres carrés, 1957-1964, auj. exposé à l'hôpital Saint-Jean d'Angers).