Jean-Paul Laurens

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Fourquevaux, Haute-Garonne, 1838  – Paris  1921).

Ce peintre d'histoire fut le plus célèbre de son temps, car il exécuta des toiles fortes, savamment ordonnées et d'une érudition médiévale et religieuse sûre (l'Excommunication de Robert le Pieux, 1875, Paris, musée d'Orsay). Leur coloris est soutenu, leur matière soignée, leur composition étudiée. Ménageant des effets pathétiques de vide, de jeux de lumière et de fumée en spirale (l'Interdit, 1875, musée du Havre), Jean-Paul Laurens y trahit un goût du morbide qui rappelle Valdés Leal (le Pape Formose et Étienne VII, 1872, musée de Nantes).

Il réalisa de vastes décorations murales à Paris, au Panthéon (Mort de sainte Geneviève, 1882 ; esquisse au musée d'Orsay) et à l'Hôtel de Ville (Étienne Marcel protégeant le dauphin, 1889), au Capitole de Toulouse (la Muraille, 1895, salle des Illustres), à l'hôtel de ville de Tours (la Mort de sainte Jeanne d'Arc, 1902). Leur puissance d'invention, leurs couleurs assourdies, leur grandiloquence même ont une majesté certaine. Il peignit aussi les plafonds du théâtre de l'Odéon à Paris et du théâtre de Castres (Jézabel dévorée par les chiens, 1906). Il fit en outre des cartons de tapisseries (le Triomphe de Colbert, 1902, manufacture des Gobelins), brossa d'étonnants lavis pour illustrer les Récits des temps mérovingiens d'Augustin Thierry (1887) et grava de belles eaux-fortes, en particulier pour le Pape de Victor Hugo (1900). Après avoir enseigné à l'Académie Julian pendant trente ans, il devint professeur à l'École des beaux-arts.