Johannes Itten
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre suisse (Thun 1888 – Zurich 1967).
Il commence à dessiner et à peindre dès 1904, et, tout en acquérant une formation scientifique, il suit les cours de l'École des beaux-arts de Genève. Un voyage à Paris en 1910, un autre à Munich en 1911 et un troisième à Cologne en 1912 lui révèlent le Cubisme, l'art du Blaue Reiter et les grands peintres de l'époque : Cézanne et Picasso. Il achève sa formation à Stuttgart, chez Hölzel (1913-1916). Ses premières peintures abstraites (Horizontal-vertical, 1915, Berne, Kunstmuseum ; Rencontre, 1916, Zurich, Kunsthaus) témoignent de ses recherches sur les couleurs et les rythmes de composition et montrent l'influence de Robert Delaunay. Ces recherches seront à la base de son enseignement lorsque, en 1916, il fondera à Vienne une école d'art privée, où il expérimentera, avant les surréalistes, les ressources de l'écriture automatique. Après avoir participé au Sturm en 1916 à Berlin, il expose à Vienne en 1919, année où il fait la connaissance de Walter Gropius, qui l'invite à enseigner au Bauhaus de Weimar. Itten y inaugure le " cours préliminaire ", où, à travers une formation générale, il sensibilise l'élève aux matériaux et cherche à développer sa personnalité créatrice. Profondément mystique, il entretient au Bauhaus un esprit de secte qui deviendra insupportable à Gropius. En 1923, Itten quitte le Bauhaus. Après un séjour en Suisse, l'artiste fonde une nouvelle école à Berlin (1926), puis dirige une école de textile à Krefeld jusqu'en 1938, année où il émigre à Amsterdam, puis retourne à Zurich. Il y dirige la célèbre Kunstgewerbeschule (école des Arts appliqués) et fonde le musée Rietberg. En quittant l'école en 1954, il se consacrera de nouveau entièrement à la peinture et exécutera des compositions géométriques dont l'espace est organisé en fonction des " qualités dynamiques " des couleurs, disposées en aplats. Itten a publié plusieurs ouvrages, dont le plus célèbre, l'Art de la couleur (1967), constitue une suite d'expériences essayant de créer une esthétique à partir des lois physiques de la couleur telles que la tradition goethéenne les a perpétuées.