Jean-Baptiste Isabey
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Peintre français (Nancy 1767 – Paris 1855).
Dès 1780, il entre, à Nancy, dans l'atelier de Claudot, maître d'Augustin. À Paris depuis 1785, il obtient la commande des portraits des ducs d'Angoulême et de Berry. La reine le remarque et sa carrière de portraitiste de cour paraît tracée. Mais, avec la Révolution, ses modèles prennent le chemin de l'exil, et la reine demande un ultime " portrait de consolation " à l'artiste. Protégé par son maître David, Isabey participe au Recueil de portraits des députés de l'Assemblée nationale et peut, en 1791 et en 1793, exposer des portraits de Conventionnels et de personnalités en vue. Aux Salons de 1794 et de 1797, il introduit avec le Départ, le Retour et la Promenade en barque le genre, nouveau en France, du dessin en manière d'aquatinte anglaise. Sa vogue ira désormais croissant. Professeur de dessin à l'institut Campan de Saint-Germain, il est introduit par ses élèves Hortense et Eugène de Beauharnais auprès de leur mère, la future impératrice Joséphine, dont il sera le meilleur portraitiste dans plusieurs dessins, aquarelles et miniatures (1798, coll. baron Lejeune ; l'Impératrice couronnée de fleurs, musée d'Angers ; l'Impératrice apprenant la victoire d'Austerlitz, coll. Prince-Napoléon ; Devant sa psyché, Louvre ; Après le divorce, Louvre).
Plus nombreuses encore sont ses effigies du premier Consul, qui en apprécie la ressemblance, obtenue sans séance de pose (Bonaparte à Malmaison, Salon de 1802, Malmaison : la Revue du Quintidi, Salon de 1804, Louvre ; la Visite de la manufacture des frères Sevenne, Versailles, musée).
Avec l'Empire, voilà Isabey " Peintre dessinateur du Cabinet de Sa Majesté, des cérémonies et des relations extérieures. Ordonnateur des réjouissances publiques et des fêtes particulières aux Tuileries, Dessinateur du Sceau des Titres, Premier Peintre de la chambre de l'Impératrice pour les présents " ; d'où ses dessins pour les blasons de la nouvelle noblesse, pour l'ordre de la Légion d'honneur (incendiés sous la Commune), ses miniatures de l'Empereur ou de l'Impératrice ornant maintes tabatières, ses effigies des familiers de la Cour et surtout, en collaboration avec Fontaine et Percier, l'exécution du monumental Livre du sacre de S. M. l'Empereur (Malmaison ; dessins préparatoires au Louvre).
Décorateur en chef des Théâtres impériaux, attaché à la Manufacture de Sèvres pour la Table des maréchaux (1806-1810, Malmaison) ou le Secrétaire de la famille impériale (projet, musée de Sèvres), Isabey craignait de tomber en disgrâce après le divorce ; mais, inaugurant pour elle la série fameuse de ses " portraits en voiles ", il fut nommé professeur de la nouvelle Impératrice et reçut la commande de deux grandes miniatures représentant l'Empereur et l'Impératrice en costume de mariage (Vienne, K. M.) ainsi que d'un collier groupant pour Marie-Louise les visages des membres de sa famille. C'est encore à lui que revint d'exécuter pour l'empereur d'Autriche le premier portrait du Roi de Rome (Vienne, K. M., et esquisse au Louvre ; exemplaire de Napoléon Ier, Malmaison).
Désemparé par la chute de l'Empire, Isabey est cependant chargé, grâce à Talleyrand, de commémorer le Congrès de Vienne (esquisses, Louvre) et peut, pendant les Cent-Jours, apporter à Napoléon un dernier et touchant souvenir, Marie-Louise et son fils (coll. Prince-Napoléon). Malgré un portrait de Louis XVIII et le titre de peintre du cabinet de Charles X, il voit sa popularité décroître. Il est oublié sous Louis-Philippe, qui lui accorde une maigre pension, et, ultime consolation, Napoléon III lui confère le grade de commandeur de la Légion d'honneur. L'artiste a consigné ses souvenirs dans ses Mémoires.