Martin Fréminet

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre français (Paris 1567  –id.  1619).

Élève de son père, Médéric Fréminet (artiste médiocre, selon Félibien), il partit pour l'Italie v. 1587-88. À Rome, il se lia avec le Cavalier d'Arpin, étudia Caravage et surtout Michel-Ange. Après être passé par Venise v. 1596, il se rendit à Turin pour se mettre au service du duc de Savoie v. 1592-1602. En 1603, de retour en France, il fut nommé peintre et valet de chambre du roi en remplacement de P. Dumoustier. En 1608, il fut payé pour les projets et les peintures déjà faites à la chapelle de la Trinité à Fontainebleau, décoration à laquelle il semble avoir travaillé jusqu'à sa mort. Il s'était marié en 1617 avec Françoise Dhoey, veuve d'Ambroise Dubois. Si le Saint Sébastien peint par lui pour l'église Saint-Josse avant son départ pour l'Italie semble avoir disparu, on peut, cependant, comprendre le style de l'artiste à cette époque grâce à des gravures de son ami Philippe Thomassin, qu'il connut à Rome (Sainte Famille, 1589 ; Annonciation, 1591 ; Flagellation ; Saint Sébastien ; Baptême du Christ, 1592). En revanche, on ignore tout des portraits et des compositions (un Saint Martin) qu'il peignit pour le duc de Savoie.

À Fontainebleau, Fréminet donna entièrement les plans de la décoration de la chapelle de la Trinité (dessins pour les sculptures ; 2 projets pour le maître-autel, musée de Darmstadt et Louvre ; un seul dessin connu pour une fresque, Dieu ordonne à Noé d'entrer dans l'arche avec les animaux, Oslo, Ng). La décoration comprend, au plafond, dans de larges cadres de stuc, 5 grands sujets et 14 ovales (4 Éléments, 10 Vertus) et, de chaque côté de la nef, dans des formats rectangulaires, 5 Rois d'Israël ou de Judas et 20 grisailles (10 Prophètes et 10 Patriarches) ; les 14 scènes de la Vie du Christ, autrefois entre les fenêtres, ont disparu (dégradées déjà au xviiie s., remplacées par des compositions ovales sous Louis XVI). Six esquisses peintes pour ses scènes ont été retrouvées au Louvre. L'iconographie de cet extraordinaire ensemble du Maniérisme tardif paraît, d'après des recherches récentes, refléter l'influence des frères jésuites Coton et Richeôme. Thomassin grave un Christ avec des instruments de la Passion, en 1615, année où Fréminet est décoré de la rare distinction de l'ordre de Saint-Michel. On attribue à Fréminet de rares peintures (Quatre Évangélistes et Quatre Pères de l'Église, musée d'Orléans) ; Adoration des Bergers (musée de Gap) et quelques dessins d'après des inscriptions anciennes (Jupiter et Sémélé, Paris, B. N. ; Jeune Homme assis, Albertina ; Prophète, musée de Darmstadt). Alliant la culture italienne aux influences bellifontaines, Fréminet a réalisé dans la chapelle de la Trinité une des grandes décorations religieuses de son temps. Sa personnalité violente annonce le Baroque.

Son fils, Louis (1616-1651), écuyer, gentilhomme servant le roi, peintre, devint, avec son demi-frère Jehan I Dubois, garde des Peintures de la chapelle de la Trinité. On lui attribuait autrefois la série des tableaux d'Orléans, aujourd'hui donnée à son père.