les Frueauf

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintres autrichiens.

Rueland l'Ancien (? v.  1440  – Passau  1507). Il est le principal représentant de l'école de Salzbourg à la fin du xve s. On suppose qu'il se forma à Passau dans l'atelier du Maître du Jugement dernier de Saint-Florian et qu'il fut plus tard l'aide de Konrad Laib à Salzbourg. On mentionne v. 1475 une œuvre de jeunesse de sa main, le Retable de la Passion (avec 12 Scènes de la Passion, le Christ bénissant et la Vierge), peint pour Ratisbonne, caractérisé par ses scènes tourmentées d'un sentiment passionné (auj. au musée). En 1478, l'artiste est mentionné comme bourgeois de Salzbourg. En 1480, il demande le droit de bourgeoisie à Passau, où il achève les fresques de l'hôtel de ville. En 1484, il est appelé à Salzbourg pour discuter d'un grand retable qui devait orner le maître-autel de l'église paroissiale (auj. église des Franciscains), mais il n'obtint pas cette commande, qui fut confiée à Michael Pacher. Il voyage ensuite aux Pays-Bas. En 1487, il exécute des tableaux pour le retable du maître-autel de l'église des Augustins de Nuremberg. Peu de temps après, de nouveau à Salzbourg, il travaille à un grand retable qui comprend 2 volets avec 4 Scènes de la vie de la Vierge (Annonciation, Nativité, Adoration des mages et Assomption, 1490) au revers et 4 Scènes de la Passion (Jardin des Oliviers, Flagellation, Portement de croix et Calvaire, 1491, Vienne, Österr. Gal.) à la face antérieure. Le style tardif de Frueauf est inspiré de celui des peintres des Pays-Bas (et particulièrement du Maître de Flémalle). On y décèle aussi des influences franconiennes, notamment celle de Veit Stoss. De cette époque date également le beau Portrait d'un jeune homme (identifié avec Jost Seyfried, v. 1500, Vienne, Österr. Gal.). Le Retable de la Vierge est considéré comme le dernier ouvrage sorti de l'atelier de l'artiste ; ses panneaux sont dispersés entre les musées de Budapest (Annonciation), de Cambridge, Mass. (Fogg Art Museum) [Visitation], de Herzogenburg (Présentation de la Vierge au Temple), de Saint-Florian (Mort) et de Venise (musée Correr) [Nativité, Présentation au Temple].

Rueland le Jeune (? v. 1475 – Passau apr. 1545). Fils du précédent, il fut également peintre. Les quelques œuvres qui nous sont parvenues de lui ont été exécutées entre 1496 et 1508 et se trouvent toutes conservées, à une exception près (Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant avec un donateur présenté par ses saints patrons, 1508, Vienne, K. M.), dans l'abbaye de Klosterneuburg, près de Vienne. Dans la Crucifixion (1496), on voit nettement les éléments essentiels de son style : l'iconographie et le répertoire des types présentent des rapports étroits avec la peinture salzbourgeoise du xve s. et surtout avec l'art de son père, alors que le fond de paysage révèle des influences néerlandaises. Sont également conservés à Klosterneuburg 4 panneaux faisant partie d'un Retable de la Passion (Jardin des Oliviers, Arrestation du Christ, Couronnement d'épines, le Calvaire), un retable avec des scènes de la Vie de saint Jean-Baptiste (Prédication, Baptême du Christ, Arrestation, Décollation) ; un autre retable daté de 1505 illustre la Légende de saint Léopold (le Départ de saint Léopold ; la Chasse au sanglier ; l'Apparition du voile ; la Construction de Klosterneuburg). C'est dans ce dernier que l'art de Frueauf paraît le plus évolué. Le paysage, où s'entremêlent des motifs des environs de Klosterneuburg, domine, et la figure humaine n'est plus qu'accessoire. Trait bien caractéristique de l'école du Danube, le paysage n'est plus seulement un décor où se situent des scènes, mais il prend maintenant un magique pouvoir d'évocation. Un document de 1545 mentionne encore le peintre, mais on ne connaît aucune œuvre de lui postérieure à 1508.