école de Frankenthal

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

En 1587, fuyant les persécutions religieuses, un groupe de protestants des Pays-Bas s'établissait à Frankenthal, village de la Bavière rhénane, non loin de Spire. Parmi eux se trouvait le peintre Gillis III Van Coninxloo, originaire d'Anvers, qui devait révolutionner l'art du paysage. Le Jugement de Midas (1588, Dresde, Gg) — peut-être inspiré par les décorations de Paul Franck à Kircheim —, aboutissement des tentatives de peintres comme Patinir, Herri Met de Bles, Gillis Mostaert ou Hans Bol, est à l'origine de l'art baroque néerlandais du paysage. Au lieu de vastes panoramas lumineux, les artistes influencés par Gillis Van Coninxloo représentent des sites romantiques ou tragiques ; ils ont une prédilection pour les forêts touffues, les arbres aux troncs noueux, les architectures fantastiques et les villes incendiées. Les effets d'éclairage accentuent encore par leurs contrastes le rythme violent des compositions.

Parmi les artistes nés ou ayant travaillé à Frankenthal, il faut citer, outre Joos Van Liere, Jan de Witte, Antoine Mirou, Pieter Schoubroek, Hendrick Van der Borcht le Vieux, Jakob Marrel, Jan Vaillant.

L'influence de l'école de Frankenthal apparaît aussi chez des peintres comme Karel Van Mander, Kerstiaen de Keuninck, Peter Stevens II, David Vinckboons ou Mattheus Molanus. Par ailleurs, il est difficile de la dissocier de celle de centres comme Nuremberg, Augsbourg et surtout Francfort, tout proche, où travaillèrent Frederick Van Valckenborch et Hendrick Van der Borcht le Jeune ; Y. Thiéry a rappelé que le style romantique des artistes de Frankenthal survécut longtemps en Allemagne et il l'a reconnu dans un tableau du Herzog Anton Ulrich-Museum de Brunswick daté de 1641, la Bataille des Israélites contre les Amalécites, signé H. V. Jos. Enfin, R. Oldenbourg a rattaché à l'école de Frankenthal les œuvres de jeunesse d'Adam Elsheimer. Frankenthal étant un lieu de passage privilégié entre les Pays-Bas et l'Italie, il n'est pas étonnant de noter des similitudes de style entre son école et celle des paysagistes travaillant en Italie au début du xviie s., et l'on comprend le rôle que la ville joua dans la diffusion du style italo-flamand, créé à Venise et qui se propagea rapidement au nord des Alpes.