les Francken
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».
Famille de peintres flamands.
Hieronymus I le Vieux (Herenthals, près d'Anvers, 1540 – Paris 1610). Fils aîné de Nicolaas Francken, il devint, comme ses frères Ambrosius I et Frans I, élève de Frans Floris. Il travailla en 1566 à Fontainebleau puis se fixa en 1568 à Paris, où on le retrouve inscrit comme peintre du roi à partir de 1588. Il retourne à Anvers en 1571 pour terminer l'Adoration des mages (Bruxelles, M. R. B. A.), laissée inachevée par Floris, mort en 1570. En 1585, il exécute à Paris, à la demande du président du parlement, une Adoration des bergers pour l'église des Cordeliers, actuellement conservée à Notre-Dame de Paris. Il est l'un des initiateurs des représentations de scènes de bal ou de mascarades et d'intérieurs bourgeois : le Bal de la noce (musée d'Anvers), Carnaval vénitien (musée d'Aix-la-Chapelle). Ses tableaux, d'un maniérisme élégant, unissant des éléments anversois, italiens (surtout vénitiens) et français, peuvent être confondus avec ceux de son frère Frans I, bien que l'influence de Fontainebleau y soit plus marquée. Hieronymus I a peint aussi des portraits : Autoportrait (musée d'Aix-en-Provence).
Frans I le Vieux (Herenthals 1542 – Anvers 1616). Frère de Hieronymus I, il fut l'élève de Frans Floris, puis devint citoyen de la ville d'Anvers ainsi que franc maître de la gilde en 1567 et doyen en 1588. La plupart de ses tableaux, de dimensions moyennes, de couleurs vives, de facture enlevée et de formes élégantes, dérivent de l'art de son maître, tout en se rapprochant des tableaux de genre de son frère Hieronymus I : triptyque du Christ parmi les docteurs (1587, cathédrale d'Anvers), Adoration des mages (Brunswick, Herzog Anton Ulrich Museum), Histoire d'Esther (musées de Bourg-en-Bresse et de Châteauroux), la Montée au Calvaire (Dresde, Gg), Ecce Homo, l'Arrestation du Christ (Prado). Frans I signait " De Oude Frans Francken ".
Ambrosius I le Vieux (Herenthals 1544 – Anvers 1618). Frère des précédents, il devint franc maître à Anvers en 1573 et doyen en 1581, après avoir été l'élève de Frans Floris et avoir travaillé à Tournai et à Fontainebleau (1570). Son œuvre, comprenant surtout de grandes compositions, trahit les influences de Frans Floris et de Maerten de Vos, auxquelles se mêlent des souvenirs des grandes décorations bellifontaines : Triptyque de saint Crépin et de saint Crépinien (1589), la Multiplication des pains (1598), le Martyre et la charité de saint Côme et de saint Damien, Triptyque du Saint Sacrement, Scènes de la vie de saint Sébastien, le Martyre et la décollation de saint Georges (musée d'Anvers), la Trinité (1608, Anvers, église Saint-Jacques), l'Enlèvement de Déjanire (1596, musée d'Aix-en-Provence).
Hieronymus II le Jeune (Anvers 1578 – id. 1623). Fils et élève de Frans I, puis élève de son oncle Ambrosius I, il devint franc maître en 1607. Il se consacra, comme son frère Frans II, aux tableaux de cabinet : la Boutique du marchand Jan Snellinck (1621, Bruxelles, M. R. B. A.). Il peignit aussi des Scènes de bal (un exemple au musée de l'université de Stockholm) ainsi que des scènes historiques et religieuses : la Décollation de saint Jean-Baptiste (Dresde, Gg), le Martyre de sainte Catherine, Horatius Coclès (1620, musée d'Anvers).
Ambrosius II le Jeune (Anvers 1581 – ? 1632). Fils et élève de son père, Frans I le Vieux, il devint maître en 1624.
Frans II le Jeune (Anvers 1581 – id. 1641). Fils de Frans I, il est le peintre le plus renommé de la dynastie des Francken. Il devint franc maître en 1605, puis doyen en 1614 et excella dans les genres les plus divers, se spécialisant dans la peinture de tableaux de petits et moyens formats (le Cabinet d'amateur de Sébastien Leerse, musée d'Anvers), qu'il étoffa souvent de scènes bibliques, mythologiques et historiques aux nombreux personnages : Achille reconnu par Ulysse, Un prince visitant le trésor d'une église (1633, Louvre), le Festin chez le bourgmestre Rockox (Munich, Alte Pin.), Histoire de Crésus et Solon (Bruxelles, M. R. B. A.). Travaillant au début sous l'influence de son père, il acquit très vite un style personnel, caractérisé par la souplesse de la composition, le brio de l'exécution, la richesse chaleureuse du coloris et l'élégance gracile des formes. Il excelle dans les petites grisailles, parfois disposées tout autour d'une scène principale colorée pour représenter des épisodes secondaires. On le reconnaît facilement à sa manière très particulière d'exécuter les yeux de ses personnages par des points noirs, dans de fins visages : le Fils prodigue (musée de Karlsruhe, 1633, Louvre), le Triomphe d'Amphitrite (Sarasota, Ringling Museum), Sabbat de sorcières, la Crucifixion (Vienne, K. M.), le Repas du roi Midas (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum), Allégorie de la Fortune (Compiègne), les Israélites passant la mer Rouge (1621, Hambourg, Kunsthalle), ensemble de 15 œuvres au Prado — dont une série de 12 tableaux de l'Histoire de l'Ancien Testament —, Étéocle et Polynice, Miracle au tombeau de saint Bruno, les [OE]uvres de miséricorde. Triptyque des Quatre couronnés (1624, musée d'Anvers). Jusqu'en 1616, date de la mort de son père, il signa " De Jon F. Franck " ou " De Jonge Frans Francken ", puis, apr. 1628 env., alors que son fils Frans III se mettait à peindre, il reprit la signature de son père : " De Oude Frans Francken ".
Frans III (Anvers 1607 – id. 1667). Fils de Frans II, il devint maître en 1639-40 et doyen en 1655-56. Influencé par Rubens, il peignit des tableaux religieux (le Festin de Balthasar, musée de Hanovre), ainsi que des Intérieurs d'église, qu'il exécuta en collaboration avec L. Neefs (2 exemples sont conservés au Prado et 1 exemple à la Gg de Dresde, daté de 1648).
Hans ou Jan (Anvers 1581 – id. 1624). Fils de Cornelis Francken (1545 – ?) et élève de son oncle Ambrosius I, il séjourna à Paris en 1607. Il rentra en 1608 à Anvers, où il devint franc maître en 1611. Hans Francken peignit surtout des compositions religieuses : la Décollation de saint Jean-Baptiste (Bruxelles, M. R. B. A.).
Constantin (Anvers 1661 – id. 1717). Fils et élève de Hieronymus III (1611 – ?), il fut reçu à la gilde des peintres d'Anvers en 1695 ; il peignit des scènes d'histoire et de batailles : Martin Van Rossum après ses tentatives contre Anvers (musée d'Anvers).